« Mon grand-père n’a pas survécu à Auschwitz pour bombarder Gaza », pouvait-on lire sur une pancarte tenue par une femme juive lors d’une manifestation au Mexique contre un précédent assaut israélien sur Gaza. Une photo de la pancarte est devenue virale sur les médias sociaux en 2021. Plus récemment, le groupe américain Jewish Voice for Peace a partagé la photo d’un manifestant lors d’une manifestation contre la guerre actuelle, avec une pancarte indiquant « Mes grands-parents n’ont pas survécu à l’Holocauste pour qu’Israël commette un génocide à Gaza ».
Lors des guerres actuelles et antérieures, les responsables politiques israéliens et internationaux ont invoqué la mémoire de l’Holocauste pour justifier la punition collective infligée à Gaza. Il ne fait aucun doute que les auteurs des pancartes ont été motivés, de manière instinctive, à s’opposer à cela en se réappropriant la mémoire de l’Holocauste pour s’opposer aux guerres d’Israël, plutôt que pour défendre ces guerres. Cependant, non seulement cette perspective est erronée, mais elle risque de renforcer l’antisémitisme.
Les auteurs des pancartes semblent nous dire que leurs grands-parents survivants de l’Holocauste auraient survécu pour, en quelque sorte, accomplir un but moral supérieur – contrairement, probablement, aux survivants sionistes de l’Holocauste qui n’auraient pas réussi à sublimer leur propre expérience du génocide, et dont la survie aurait donc été, en quelque sorte, « gâchée », selon les auteurs de ces pancartes. Ces manifestants auraient-ils préféré que les armées alliées, en libérant les camps de la mort nazis, disent aux détenus juifs : « Nous vous laisserons partir à condition que vous nous promettiez que ni vous ni aucun de vos descendants ne commettrez jamais le moindre acte d’oppression » ?
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