Après le 7 octobre 2023, soit le plus grand massacre antisémite depuis la Seconde guerre mondiale, on a vu tout à coup des néofascistes, des néo-pétainistes, des racistes antimusulmans et la droite française se proclamer les plus grands pourfendeurs de l’antisémitisme, et manifester ensemble leur solidarité à Israël, face à une gauche et une extrême gauche tétanisées, qui n’osent dénoncer le Hamas comme un mouvement totalitaire quand elles ne lui attribuent pas l’épithète baroque de « mouvement de résistance ». A ce compte-là les Oustachis pronazis étaient aussi un « mouvement de résistance » de même que les Loups gris turcs ou la Division Azov en Ukraine peuvent être qualifiés de « mouvements de résistance ».
Soyons sérieux.
Mais ce n’est pas parce que la gauche et l’extrême gauche sont en train de perdre complètement leur boussole éthique, ce n’est pas parce qu’ils propagent des idéologies identitaires réactionnaires, qu’il faut approuver la répression de l’État contre elles ou détourner le regard, parce que ce serait uniquement un problème « électoraliste » qui concernerait La France insoumise et Mélenchon (1) .
Il faut d’autant plus réagir vigoureusement que cette répression, ou ces menaces de répression, concernent aussi la CGT (dont un militant a été condamné à un an de prison avec sursis), le groupuscule trotskiste Révolution permanente, le collectif d’organisations Urgence Palestine (2) donc, d’après le Media, une quarantaine de personnes dont des universitaires qui ont choisi pour le moment de ne pas rendre publiques leurs convocations auprès de la police pour une prétendue « apologie du terrorisme ». (Selon Mediapart du 25 avril 2024 - https://www.youtube.com/watch?v=dGSdufHZdoc&t=2745s - , il ne s’agirait plus d’une quarantaine de personnes mais de plus de 600 convoquées depuis le 7octobre.)
Le récit qu’a fait Anass (3) (du groupuscule Révolution permanente) à propos de sa convocation auprès de la police montre clairement que les flics agissent sur ordre de Darmanin et de Macron, gouvernement qui sur ce point reçoit le plein soutien de l’extrême droite, y compris des nouveaux convertis à la lutte contre l’antisémitisme que sont les Bardella et Odoul du RN ou le média Livre Noir qui donne la parole à des néonazis et défend une ligne raciste, anti-immigration, antimusulmane et anticommuniste (4)….
L’« apologie du terrorisme » est, pour ce qui concerne la gauche et l’extrême gauche, une accusation diffamatoire et grotesque. Il s’agit plutôt d’une cécité face au totalitarisme islamiste, d’un refus de prendre en compte la dangerosité de l’islam politique en lui trouvant des explications pitoyables ; d’une incapacité à défendre des positions matérialistes et révolutionnaires face à des courants obscurantistes et totalitaires. Cette cécité fait suite, pour nombre de ces militants, à leur aveuglement face au stalinisme ou face aux régimes dictatoriaux qui prirent le nom de socialistes, de la Chine au Cambodge en passant par le Nicaragua des sandinistes, Cuba ou le Venezuela de Chavez et Maduro.
Il n’est pas question de cautionner ou de rester silencieux face à la tentative conjointe de la droite et de l’extrême droite de restreindre les libertés d’expression des staliniens, néostaliniens, tiersmondolâtres, tiermondains, trotskistes ou gauchistes islamocompatibles.
Ne laissons pas l’État français intervenir dans le débat sur Israël-Palestine en inventant des accusations fantaisistes !
A bas la censure des débats sur Israël-Palestine ! A bas la répression macrono-lepéniste !
Y.C., Ni patrie ni frontières, 20 avril 2024
1. Signalons que Mélenchon en comparant le président de l’Université de Lille à Eichmann a (encore une fois) manqué une occasion de se taire. En effet, il s’est défendu en expliquant qu’il faisait allusion au concept de la « banalité du mal » d’Hannah Arendt. Or Mélenchon ignore que cette philosophe n’a mené aucune enquête historique sur Eichmann avant d’écrire son livre et de construire sa « théorie » ; qu’elle n’a même pas assisté au procès en entier ; et surtout qu’elle a pris au sérieux la système de défense de l’organisateur de la Solution finale, et son discours sur son obéissance de petit fonctionnaire alors qu’il était un antisémite convaincu ! Enfin, last but not least, Arendt n’a pas développé ce concept dans Les origines du totalitarisme paru en 1951 mais dans Eichman à Jérusalem paru en 1963, soit douze ans plus tard. Une telle confusion. permet de douter que Mélenchon ait lu ces deux livres !
2. Organisations pour lesquelles je n’ai aucune sympathie, est-il nécessaire de le préciser ? Il suffit de se reporter aux rubriques
– Antisémitisme
– Antisionisme
– Israël Palestine de ce site depuis 2002
ainsi qu’aux articles écrits ou traduits depuis le 7 octobre....