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Spencer Sunshine : La main droite d’Occupy Wall Street. Antisémites, complotistes et suprémacistes blancs au sein du mouvement Occupy
Article mis en ligne le 12 septembre 2022

Introduction de 2022

Mon analyse de la participation de l’extrême droite au mouvement Occupy Wall Street a fini par figurer parmi mes publications les plus controversées. La réaction a probablement été le mieux symbolisée par les actions du journaliste de gauche Arun Gupta, qui, pour tenter de faire retirer l’article d’Internet, a contacté de nombreuses personnes associées au groupe de réflexion qui l’avait publié. (Il a échoué.) Peut-être suis-je naïf, mais cette réaction m’a surpris, car j’avais écrit un article similaire au début d’Occupy Wall Street. Ce texte avait été bien accueilli dans ces milieux comme une explication des raisons pour lesquelles les complotistes d’extrême droite rejoignaient ce que beaucoup de gens considéraient comme un mouvement de gauche. Après tout, la présence de l’extrême droite était visible pour quiconque ouvrait un peu les yeux.

En 2014, l’humeur des quelques militants d’Occupy encore actifs a manifestement changé et ils sont devenus extrêmement susceptibles face aux critiques. Mais les événements allaient – malheureusement – me donner raison. « La main droite Occupy Wall Street » est sorti pendant que se déroulaient les manifestations sur la place Maidan à Kiev, en Ukraine, en 2014 ; la présence de néonazis et de groupes d’extrême droite illustrait parfaitement la dynamique que j’avais décrite. Et ceux qui s’étaient opposés à la participation de l’extrême droite à diverses occupations étaient heureux de voir que l’on pouvait enfin aborder ce problème sans être violemment rabroué ou que la question soit balayée sous le tapis.

Plus tard, d’anciens militants d’Occupy ont participé à des actions violentes de l’extrême droite. Certains étaient présents lors de la prise de contrôle armée, pendant 41 jours, du Malheur National Wildlife Refuge * dans la région rurale de Burns, en Oregon, par des miliciens et des militants du mouvement patriote*. Mais ce qui a définitivement renforcé la validité de ma critique, c’est le rassemblement Unite the Right d’août 2017 à Charlottesville, en Virginie – le plus grand rassemblement dirigé par des fascistes depuis des décennies aux Etats-Unis – qui s’est terminé par une dramatique attaque contre des antifascistes, au cours de laquelle un militant d’extrême droite a foncé sur la foule en voiture et tué Heather Heyer. Le rassemblement était organisé par un ancien militant d’Occupy, Jason Kessler*. Et il n’était pas le seul membre de l’Alt Right* à avoir participé activement à ce mouvement.

Près d’une décennie après Occupy Wall Street, une manifestation d’extrême droite a pris d’assaut le Capitole des États-Unis à Washington, DC, le 6 janvier 2021. Ses participants tentaient d’empêcher la certification de l’élection présidentielle de Joseph Biden. Bien qu’il ait battu Donald Trump haut la main, le président sortant répandait des mensonges sans fondement selon lesquels l’élection aurait été « volée ». Cette nouvelle occupation impliquait également certains vétérans d’Occupy – sauf que cette fois, l’occupation du Capitole se faisait au nom des élites corrompues auxquelles ils s’étaient précédemment opposés.