Le négationnisme « antisioniste » attire désormais de nouveaux compagnons de route comme les militants du groupe néerlandais Doorbraak qui tenaient pourtant une ligne très ferme contre l’antisémitisme depuis plus de trente ans et se sont convertis à la rhétorique dite « décoloniale » qui assimile les Israéliens à des Européens racistes-colonialistes-suprémacistes blancs. C’est d’autant plus absurde quand on sait que la majorité de la population juive israélienne actuelle est aujourd’hui originaire des pays dits arabo-musulmans et non d’Europe comme cela était le cas en 1947.
Ainsi les camarades de Doorbraak ont le culot d’écrire que « le génocide actuel s’inscrit dans la continuité d’une tradition coloniale violente, perpétrée par des personnes qui ont souvent des racines européennes », ce qui est doublement inexact : 1) il n’y a pas (pour le moment) de génocide en cours en Palestine mais des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ; et 2) aujourd’hui, en 2024, la population majoritaire en Israël n’est pas d’origine européenne.
Mais évidemment il est plus facile d’ignorer ce dernier fait car cela permet aux auteurs de l’article de ne pas se demander publiquement pourquoi tant de Juifs (environ 7 ou 800 000) furent expulsés des pays dits « arabo-musulmans » et pour quelles raisons une bonne partie d’entre eux durent trouver refuge en Israël.
Cependant, l’inexactitude et la confusion de Doorbraak ne se limitent pas à cette seule affirmation. Ainsi, dans l’article cité ci-dessus, on apprend que « La Shoah était étroitement liée aux projets d’expansion coloniale de l’Allemagne vers l’Est, en particulier vers la fertile Ukraine, où elle souhaitait établir des plantations comme l’ont fait d’autres puissances occidentales dans leurs colonies d’Amérique, d’Afrique et d’Asie. » Ils n’expliquent nullement le rapport prétendument « étroit » entre l’expansion coloniale et le judéocide. Ils se contentent de lancer cette idée en l’air parce que c’est à la mode. Une attitude irresponsable pour des gens qui connaissent mieux que quiconque les questions liées à l’antisémitisme, comme le montrent de nombreux articles qu’ils ont écrits dans le passé...
Ces camarades auraient-ils oublié l’importance et le rôle de l’antisémitisme dans l’idéologie et les décisions concrètes de Hitler ? Auraient-ils oublié que, pour les nazis, les Juifs n’étaient pas une bande d’« indigènes », ou de tribus autochtones, ou de paysans locaux, qui auraient empêché l’expansion coloniale à l’Est ? Ils étaient les responsables de la première guerre mondiale (et bientôt de la seconde), des fléaux du communisme et du capitalisme ! Les instruments de la révolution française, de la révolution russe, de la défaite allemande en 1914-1918, de l’industrialisme, de la décadence morale de la civilisation européenne, de l’effondrement des valeurs « communautaires » et « raciales », etc. ? Ont-ils oublié que, pour les nazis, les Juifs étaient une « anti-race », un ramassis d’Untermenschen, de « sous-hommes », qu’il fallait exterminer comme un virus mortel, comme des insectes dangereux ?