Stephan Grigat : L’antisémitisme, l’antisionisme et la gauche
Si on souhaite s’informer pour savoir si l’idée d’un antisémitisme de gauche tient debout, on peut se référer à une bibliographie qui, depuis quelques années, ne cesse de s’élargir. Hannah Arendt critiquait déjà dans les années cinquante l’idée que l’antisémitisme serait un phénomène exclusivement de droite : cette idée, comme elle le dit, n’est qu’un préjugé tenace. Depuis, des études innombrables ont été faites sur l’antisémitisme des premiers socialistes, sur celui des mouvements ouvriers des XIXe et XXe siècles et sur la relation entre les classiques du marxisme et le judaïsme. Des recherches ont été menées sur l’antisémitisme d’État dans les anciens pays communistes, comme sur l’antisionisme chargé d’antisémitisme des nouvelles gauches d’Europe de l’Ouest ou bien des États-Unis. Ces recherches correspondaient à une position défensive de la gauche elle-même (1). Mais depuis quelques années, les choses ont changé : le thème d’un antisémitisme de gauche est devenu tout à fait chic. Ces derniers temps, de nombreuses conférences ont eu lieu dans la plupart des villes d’Allemagne sur ce thème. Avec la parution du best-seller Nous sommes les gentils. L’antisémitisme des gauches radicales, la gauche trouve un moyen de faire du bruit sur le sujet en évitant de se poser les questions importantes.
Article mis en ligne le 8 mai 2017