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Quand la « gauche roquefort » flirte avec la « gauche pourrielle » (2007)

« La gauche a besoin de toutes ses voix au premier tour pour gagner au second », a déclaré José Bové dans une interview à Libération du 23 février 2007.
Ainsi, il est évident que, avant même d’avoir recueilli leurs 500 signatures, Bové et ses amis appelleront à voter pour ce que ce monsieur appelle « la gauche » au second tour, donc pour Ségolène Royal si elle arrive en première ou en seconde position.

Si telle est leur position, pourquoi dans le même temps faire semblant de dénoncer depuis des années les méfaits de la « gauche sociale-libérale » au pouvoir ou dans l’opposition ? Ces dénonciations vigoureuses du « social-libéralisme », qui se sont faites plus bruyantes depuis le référendum contre le Traité constitutionnel européen et la prétendue « victoire » du Non, ne seraient-elles que du vent, de la poudre aux yeux ?

Article mis en ligne le 24 mai 2017
dernière modification le 5 mai 2017

L’explication de ces rodomontades est assez simple. Les Verts et le PCF se sont divisé le travail avec le PS : « Au premier tour, vous, Ségolène, ratissez à droite et au centre, nous “gauche de la gauche” nous ratissons à gauche, voire à l’extrême gauche. Et au deuxième tour… on vous donnera nos voix. » Et le PCF d’ajouter, tout comme les Verts : « On vous donnera nos voix, bien sûr, mais…en échange d’un certain nombre de circonscriptions aux prochaines législatives, voire de postes ministériels dans le futur gouvernement de la gauche. »
Qu’exigeront en échange Bové et ses copains du PCF (1), de la LCR, des Indigènes de la République, du Collectif des Musulmans de France ou du MIB ?
L’avenir nous dira si les appétits de pouvoir réel (politique) et symbolique (médiatique) de ces gens-là les pousseront à se démasquer rapidement ou à continuer à tromper un peu plus longtemps leurs partisans sincères.
En tout cas, à en croire les volte-face et les coquetteries de l’idole de la gauche roquefort depuis des mois (le summum du ridicule ayant été le Bovéthon) et sa langue de bois actuelle, il est clair qu’on ne peut lui accorder aucune confiance, même pour répondre par oui ou non à une simple question sur ses démarches auprès du PS.
Patrick Braouzec, député stalinien et porte-parole de l’équipe Bové, prétendait dans Le Monde du 22 février que jamais, au grand jamais, les comités Bové n’avaient contacté la direction du PS pour obtenir des signatures d’élus « socialistes ». Et quand Libération demande à Bové le lendemain « Avez-vous contacté la direction du PS », que dit-il ?
1) Il ne répond pas à la question ( c’est sans doute ce qu’il appelle « faire de la politique autrement » ? !)
et 2) il affirme que « des élus qui parrainent notre candidature ont demandé à leurs responsables de parti de lever la consigne de blocage ».
Si l’on décrypte ce charabia, cela signifie : « Nous n’avons rien demandé directement, mais les élus que nous avons contactés l’ont demandé pour nous. »
Toutes ces pitoyables cachotteries cachent la fonction de la candidature Bové : récupérer, au bénéfice de la « gauche sociale-libérale », les voix des abstentionnistes ou de tous ceux qui – écœurés par les trahisons du PS, du PCF et des Verts quand ils étaient au pouvoir, ou dans l’opposition – ne savent pas quoi faire de leur bulletin de vote.
Libre à chaque individu conscient de voter pour la gauche, ou la « gauche de la gauche ». C’est certainement plus sympathique et plus honorable que de voter pour la droite ou l’extrême droite. Mais on peut aussi s’abstenir, en refusant de cautionner cette « démocratie » truquée. De toute façon, cela ne changera rien de fondamental aux rapports de force entre les exploiteurs et les exploités. Ce n’est pas sur le terrain électoral que nous pourrons infliger des défaites à l’Etat et aux patrons. Mais au moins, que ceux qui veulent utiliser « l’arme » de leur bulletin de vote sachent qu’ils votent consciemment pour des pantins, des carriéristes et des hypocrites.

Y.C.
(23/02/2007)

PS. : Quant à Olivier Besancenot (LCR), Gérard Schivardi (PT) et Arlette Laguiller (LO), nous sommes prêts à parier qu’ils n’appelleront pas à l’abstention au second tour si Mme Royal est présente… La principale différence avec les organisateurs de la campagne Bové, c’est qu’ils roulent plus franchement pour leur petite boutique et les subventions électorales qu’ils récolteront.

1. Jacques Perreux, vice-président du Conseil général du Val-de-Marne est le directeur de son équipe de campagne, Patrick Braouzec, député de Seine-Saint-Denis, un de ses principaux porte-parole. Sans compter Fernanda Marruchielli (élue du 20e arrondissement), Daniel Fontaine (maire d’Aubagne), Robert Bret (sénateur des Bouches-du-Rhône), Chistophe Cavard (vice-président du conseil général du Gard), Patricia Latour (élue d’Aubervilliers), Alain Bertho (ancien membre du Comité national du PCF) et bien d’autres staliniens et néostaliniens.