– La violence antisémite augmente, notamment en France.
– L’antisémitisme musulman se développe et acquiert une dimension identitaire également parmi les minorités musulmanes en Europe. Robert Wistrich (2002) tira la sonnette d’alarme il y a plus de vingt ans, et alla même plus loin en dénonçant la « rhétorique génocidaire » des mouvements islamistes comme le Hamas et le Hezbollah. Selon Bernard Harrison (in A.H. Rosenfeld, 2015), pour les salafistes et les partisans les plus radicaux de l’islam politique, notamment ceux qui rêvent de restaurer le califat, « les Juifs » et Israël menacent l’unité et l’existence de l’Oumma. De là à préconiser leur élimination, il n’y a qu’un pas…
– Une poussée religieuse, identitaire et conservatrice se manifeste chez les Juifs de France.
– En Israël même, la démoralisation s’étend dans le « camp de la paix ». Selon D. Hirsh (2018), le mouvement de la paix rend la droite responsable de l’échec du processus de paix, mais ce courant n’a pas su analyser ses propres erreurs, définir une stratégie en direction des travailleurs israéliens juifs et arabes, et en direction des Palestiniens.
– D’après lui, cette démoralisation et cette démobilisation ont conduit une partie de la gauche israélienne à considérer que leur pays était en voie de fascisation : « ils ont l’impression que l’ennemi principal est chez eux ; et le mouvement antisioniste international est d’accord avec eux : l’ennemi principal est en Israël ».
Selon D. Hirsh, cette démission de la gauche israélienne a conduit à diaboliser encore plus Israël à l’échelle internationale, en accusant cet État de tous les maux de la planète et en lui donnant un rôle géopolitique central dans l’imaginaire de la gauche, rajeunissant ainsi un vieux stéréotype antisémite sur le complot juif international, devenu désormais le complot sioniste international. Depuis que D. Hirsch a avancé ces hypothèses, le 6e gouvernement présidé par Netanyahou a intégré, en novembre 2022, plusieurs ministres issus des partis d’extrême droite et des groupes religieux les plus obscurantistes et réactionnaires.
La récente guerre commencée par Israël après les assassinats de masse commis par le Hamas le 7 octobre 2023 a poussé la gauche et l’extrême gauche à dévoiler qu’elles n’ont rien à f… des Juifs et de l’antisémitisme. Cette guerre a également permis à la droite et à l’extrême droite françaises de se poser en « protectrices des Juifs » – un comble quand on connaît leur histoire. Sur les conséquences du 7 octobre 2023 et ce qu’ont révélé les réactions de la gauche face à ce massacre de masse (« révélé » du moins à ceux qui se fermaient les yeux depuis des années et ont brusquement décidé de les ouvrir – et qui sont peu nombreux) je ne peux que conseiller l’excellente interview de Tal Bruttman (2024) dans la revue en ligne K et les divers articles cités dans la bibliographie à la fin de ce texte.