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Elections brésiliennes 2022 : Ci-gît « la gauche » aux pieds de Lula. Par Enrique Fagner
Article mis en ligne le 3 octobre 2022

(Extraits d’un article publié avant les élections sur le site brésilien et lusophone Passa Palavra : https://passapalavra.info/2022/09/145931/ )

(…) La capacité de Lula à intégrer de nouveaux éléments de la classe des bourgeois et de la classe des gestionnaires dans les élites, sans déloger les anciens ; sa capacité à promouvoir l’inclusion de secteurs historiquement exclus, en les insérant sur les marchés du travail et de la consommation ; son incitation à ce que les mouvements sociaux et les syndicats participent à la formulation des politiques publiques et renforcent ainsi la bureaucratie participative ; son aptitude à conclure des pactes avec la droite au nom de la gouvernabilité ; son talent à concilier le développementalisme et le néolibéralisme et à promouvoir l’impérialisme brésilien en Amérique latine et en Afrique ; toutes ces qualités font de Lula non seulement le principal dirigeant politique national, mais elles assurent aux capitalistes un véritable triomphe. D’autant plus que tout cela a été fait, et continue à se faire, en abdiquant totalement toute trace de radicalisme anticapitaliste ou même toute velléité de réformisme social-démocrate.

Les conditions pour la gouvernabilité de Lula et de Dilma Roussef [présidente du Brésil, entre 2011 et 2016, année où elle fut destituée pour corruption, NdT] ont toujours été, d’une part, la domestication des militants qui les soutenaient et, d’autre part, la capacité d’empêcher la classe ouvrière de remettre en question le marché du travail et de la consommation lui-même ainsi que le système de pouvoir et d’exploitation dans son ensemble. En respectant ces conditions, les dirigeants du PT ont pu pactiser avec le consensus conservateur. Contrairement à ce que pense la gauche, Lula est le véritable représentant du conservatisme brésilien : ce conservatisme s’assure que tout changement s’adapte à l’existant et il cherche toujours une médiation modératrice entre les camps en conflit. C’est pourquoi Lula est (presque) un nom consensuel. Quant aux couches populaires insérées dans le marché du travail et aux mouvements admis à la table des négociations, ils le considèrent comme une véritable figure messianique. Le plus grand parti de gauche du pays a donné naissance à un caudillisme messianique promouvant une politique conservatrice.