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Blair Taylor – L’Alt-right américaine et l’écologie : écofascisme et environnementalisme d’extrême droite
Article mis en ligne le 25 mai 2022

La montée de ce que l’on appelle l’alt-right *, ou « droite alternative », a transformé le paysage politique aux États-Unis et remis en question les catégories politiques établies. Pendant au moins une génération, la droite a principalement incarné la défense du statu quo : en faveur du capitalisme, de l’État, de la science et de la technologie, et contre la protection de l’environnement. En revanche, l’alt-right tire son énergie d’une critique de l’ordre établi, qu’il soit libéral ou conservateur, et non de la défense de cet ordre. Ainsi, elle a ressuscité des traditions plus anciennes de la droite antimoderne, révolutionnaire et fasciste qui étaient restées marginales dans le mouvement conservateur nord-américain, souvent articulées dans le cadre du nationalisme blanc. Bien que ce milieu soit extrêmement diversifié et divisé, il est en grande partie animé par des courants de pensée réactionnaires qui s’en prennent à la démocratie libérale, à l’État et aux forces « amorales et bâtardes » du capitalisme mondial. Elle a adopté des positions associées à la gauche, par exemple contre la guerre et le libre-échange et pour un protectionnisme social (mais sélectif selon des critères ethniques). De nombreux chercheurs contemporains qui ont étudié l’extrême droite ont commencé à examiner ces nouvelles attitudes politiques et la façon dont elles perturbent les analyses passées (Reid Ross, 2017 ; Lyons, 2018).

Cependant, ces études négligent souvent la façon dont l’alt-right s’inspire du discours écologiste. L’écologie est un vecteur politique de plus en plus important pour la constellation de courants ésotériques, révolutionnaires et traditionalistes qui composent l’alt-right* et rejettent les positions conservatrices traditionnelles favorables à la quête du profit.