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Ni patrie ni frontières
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"Haine de l’autre", racisme et religion (2011)
Article mis en ligne le 2 mars 2022

Le qualificatif de « raciste » est de plus en plus répandu, que ce soit pour qualifier le Front national, un ministre du gouvernement Sarkozy (Hortefeux, Besson), un politicien (Georges Frèche, Manuel Valls), un romancier (Michel Houellebecq, Oriana Falacci, Renaud Camus), un philosophe (Alain Finkielkraut) ou une historienne (Hélène Carrère d’Encausse). Il est si fréquemment employé qu’il a fini par ne plus avoir de sens politique précis et à se réduire à une simple invective, exactement comme « facho » ou fasciste chez les libertaires, les gens de gauche ou d’extrême gauche.

Ce manque de rigueur conceptuelle a été avant tout favorisé par l’antiracisme de la « génération morale » qu’ont promu SOS Racisme et ses soutiens intellectuels au milieu des années 80. Cet antiracisme démocrassouillard, à tonalité soit multiculturaliste (Wieworka, Touraine, Todorov) soit républicaine-souverainiste (Taguieff), a formé plusieurs générations de militants et de sympathisants de gauche ou d’extrême gauche qui ont fini par « oublier » totalement l’importance des déterminations de classe dans l’analyse politique. Le point final (on ose l’espérer !) de cette lente dégénérescence politique a été atteint à partir du milieu des années 2000, avec les Indigènes de la République, la Tribu Ka (devenu ensuite Génération Kemi Seba), le Mouvement des damnés de l’impérialisme et le Parti antisioniste qui, chacun à sa manière réactionnaire, ont fini par réhabiliter la lutte des « races » au détriment de la lutte de classe, de la lutte des prolétaires (de toutes origines et de toutes religions) contre leurs exploiteurs.