L’Idée Libre n°36 - 1921
Il me paraît intéressant, maintenant que plus de deux années se sont écoulées depuis la signature de l’armistice, de montrer quel a été le rôle, lors de la déclaration de la guerre, et pendant sa durée, de ceux qui s’intitulaient « pacifistes » et « antimilitaristes ». Au moment de la déclaration de guerre, les pacifistes bourgeois ont marché avec les gouvernants : ils ont du reste été, pendant toute la durée de la tuerie, les plus fervents jusqu’auboutistes.
Les socialistes, eux, qui avaient agité l’opinion publique contre la loi de trois ans, qui avaient déclaré dans de nombreux meetings qu’en cas de mobilisation il fallait y répondre par l’insurrection, ont suivi les dirigeants ; et les parlementaires socialistes ont voté par acclamation les crédits, sont entrés dans les conseils des gouvernements et ont poussé à la guerre comme les autres partis. Bourgeois, socialistes, royalistes, républicains et catholiques, tous ont marché avec le même entrain. Et lorsque je vois des journaux comme La Vague,et d’autres répéter sans cesse : « Électeurs, nommez des socialistes, et vous éviterez la guerre », je ne puis m’empêcher de rire, surtout lorsque ce sont les mêmes individus qui parlent ainsi et qui ont voté les crédits de la guerre ! Il faut juger les hommes, non sur ce qu’ils disent, mais sur ce qu’ils ont fait. Voyons maintenant le rôle des « anarchistes ».
Léon Prouvost : Révolutionnaires et quakers devant la guerre
Article mis en ligne le 29 avril 2017