En réfléchissant à ce que je voulais vous dire dans le cadre de notre discussion sur l’antisémitisme, j’ai compris la signification réelle de mon expérience de ce fléau au sein des groupes politiques dont j’ai fait partie, et aussi à quel point j’avais intériorisé une forte pression pour en minimiser l’existence. Je suppose que j’ai pratiqué le déni afin de rester active dans ces groupes. Depuis que j’ai 19 ans, le militantisme est l’un des fondements de mon identité, et le seul espace où je me suis sentie faire partie d’une communauté. En y réfléchissant ces jours-ci, j’ai dû réorganiser ma réflexion en distinguant ce qui est personnel et ce qui est politique dans un tel contexte.
Je n’avais jamais rien écrit sur ma propre expérience de l’antisémitisme au sein de la gauche radicale. En effet, je craignais d’être accusée de vouloir divulguer les petits secrets peu ragoûtants du mouvement antifasciste, et de chercher à laver notre linge sale en public. Je crois que je me suis laissée intimider par le caractère sectaire du mouvement anarchiste. Même si je n’ai jamais été anarchiste moi-même, les anarchistes dominent le mouvement antifasciste en Pologne. Ce qui nous amène au premier sujet que je souhaite évoquer : le rôle des théories du complot dans la façon dont la question de l’antisémitisme de gauche est balayée sous le tapis.
Permettez-moi de me concentrer sur quelques événements passés. Ensuite, je vous dirai ce qui se passe aujourd’hui, et enfin je vous présenterai le contexte plus large de la Pologne.
Que s’est-il donc passé ? Parmi beaucoup d’autres histoires, j’ai choisi trois exemples.
Considérations sur l’antisémitisme à gauche en Pologne
Article mis en ligne le 30 juillet 2020