Après la tempête,
revient le soleil
Gaïa, la mère des dieux, se réjouit quand elle crut possible la fin de ses souffrances et la liberté pour ses enfants en poussant son fils Cronos à renverser le père des dieux, le violent et cruel Ouranos. Un monde neuf et pacifié en émergea. Il n’existait plus de châtiments, pas plus qu’il n’était nécessaire de graver dans le marbre des sentences comminatoires dans ce nouvel ordonnancement du monde. On n’exigeait rien de personne. Celui qui souhaitait manger n’avait qu’à cueillir des cerises sauvages, des fraises des bois, des mûres abondantes sur les ronces. C’était le printemps éternel.
Mais il fallait conserver le pouvoir. Rongé par la peur de le perdre, Cronos fermait à moitié les yeux et aiguisait son ouïe afin de mieux percevoir l’univers. Il était à l’écoute de tout l’univers, de la respiration de tous les vivants, rien ne lui échappait. La création étant immense, il ne pouvait la surveiller en totalité. Il aurait fallu employer de bons espions et les expédier dans les moindres recoins et replis du monde. Par peur d’être déchu à son tour, il retint une solution plus expéditive : il mangea ses enfants. Son renversement se fit pourtant par le truchement de Zeus.
La révolution prolétarienne, elle aussi, périt dans l’horreur – comme la légende mythologique grecque le révèle à propos des premiers dieux – en donnant naissance à un pouvoir monstrueux et despotique qui finit par tuer les meilleurs de ses enfants. L’utopie révolutionnaire en sortit affaiblie pour longtemps. Cependant, quelques révolutionnaires finirent par s’en dégager et nous fournissent un espoir immense pour l’avenir. C’est l’objet de la débordante et exubérante histoire qui va suivre et qui aboutit, après avoir laminé les oppositionnels de gauche du PCF, à la naissance de l’Union communiste. Même dans la profonde nuit, il y a toujours un espoir. Les hommes font l’histoire !
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Ce livre ne comporte pas de présentation parce que nous avons voulu laisser le lecteur plonger directement dans l’histoire sans être guidé par des jugements. La présentation est renvoyée en postface. Bien sûr, faire l’histoire veut dire aussi juger. Nous n’avons pas su totalement y échapper. C’est d’autant plus vrai que la période traitée est féroce et impitoyable pour les révolutionnaires. Cependant, nous espérons avoir laissé les lecteurs assez libres dans leur réflexion. Ils jugeront si nous y avons réussi.
Nous nous permettons de remarquer toutefois que, face à la dureté de la période évoquée dans cet ouvrage, il ne faut être ni déprimé, ni pessimiste.
Nous pourrions tirer deux enseignements de la dernière contre-révolution :
* La persévérance et la volonté demeurent des qualités essentielles et finissent par payer. Grâce aux efforts militants des protagonistes rencontrés dans ce livre, nous savons que cela a finalement payé puisqu’ils nous ont transmis leurs valeurs pour la poursuite de leurs actions.
* Hier, au siècle dernier les mots avaient un sens, contrairement à aujourd’hui, où la tendance est à tout mêler, ou à tout déprécier. Hier, Capitalisme d’Etat, Révolution, destruction de l’Etat, Prolétariat, etc. faisaient sens. Les militants décrits dans ces pages se sont âprement battus pour cette clarté politique. Aujourd’hui, un individu peut prétendre en même temps vouloir faire la « révolution » et devenir ministre ou président d’un Etat bourgeois, comme Mélenchon, Tsipras, Iglésias, etc. ! Aujourd’hui l’on peut nous parler de révolution et soutenir en même temps la création d’un nouvel Etat national dans des républiques autonomes en Ukraine, au Kurdistan, en Palestine ou ailleurs. Attention à ne pas nous laisser facilement abuser par le verbe radical !
Il ne doit ressortir nul pessimisme du dernier désastre impérialiste car les données du monde ont été profondément modifiées et la scène politique actuelle n’a pas les mêmes caractéristiques. Un monde nouveau, à appréhender et à transformer, s’ouvre. Qu’en ferrons-nous ?
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Du même auteur
Les années terribles (La Gauche communiste italienne dans l’émigration, 1926-1945), Editions Ni patrie ni frontières, 2012.
L’enfer continue, histoire de la Gauche communiste de France (1944-1952), Editions Ni patrie ni frontières, 2013.
La revue Kommunist (la fraction de gauche du PCUS, 1918), Smolny, 2011.
Le groupe ouvrier du PCUS et Miasnikov (1922-1937), 2009.
La gauche bolchevik et le pouvoir ouvrier, (centralistes démocratiques et Opposition ouvrière 1919-1927), 2012.
La Gauche communiste belge, 2005.
La Ligue Communiste et la Fraction de Gauche (Treint-Marc) - 1930-1932, 2005.
Editions établies par Michel Roger
Arturo Peregalli et Sandro Saggioro, Amadeo Bordiga. La défaite et les années obscures, Editions Prométhée, 2016
Onorato Damen, Écrits choisis, Editions Prometeo, 2016.
Onorato Damen, Bordiga, au delà du mythe, Editions Prometeo.
A. Guillamon, H. Rüdiger, H. Oehler, L’anarchisme d’Etat et la commune de Barcelone (mai 1937), Editions Ni patrie ni frontières, 2015.
Marc Chirik, La guerre permanente, anthologie réunie en collaboration avec Jean-Louis Roche, Editions Prométhée, 2017.
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