« Nations prolétaires » : concept inventé par les fascistes italiens et allemands et qui converge parfaitement avec le tiers-mondisme de l’extrême gauche et des mouvements altermondialistes.
Au départ, il s’agissait pour les nationalistes et italiens allemands, après la Première Guerre mondiale, d’expliquer que leur pays avait été spolié par le Traité de Versailles (en Allemagne), ou grugé par les Alliés (en Italie). Puis, pour les nazis, d’envisager une alliance entre le futur empire européen qu’ils voulaient construire et les « nations prolétaires » exploitées par les Etats-Unis et les puissances européennes disposant d’un empire colonial.
Otto Strasser déclarait en 1930, en quittant le parti nazi : « Nous approuvons la lutte des peuples opprimés contre les usurpateurs et les exploiteurs, car notre idée du nationalisme implique que le droit à l’épanouissement de l’identité des peuples que nous réclamons pour nous-mêmes s’applique également aux autres peuples et nations. »
Ce concept de nations prolétaires a migré à gauche, après la Seconde Guerre mondiale, devenant un synonyme de tiers monde, ou de Sud, comme l’on dit aujourd’hui. On a récemment vu Eric Izraelewic, rédacteur en chef du quotidien Le Monde de 1996 à 2000 et désormais du quotidien économique les Echos, journal patronal, reprendre ce terme à son compte pour dénoncer le fait que la France serait, d’après lui, la « victime de la globalisation et de la Chine ». Selon contre-informations.fr, le site d’un groupuscule marxiste-léniniste-maoïste, « Erik Izraelewicz explique que la France est une "nation prolétaire" devenue dépendante de la finance nord-américaine, que les USA représentent le "marché-roi", alors que l’Europe correspond à "l’économie sociale de marché", que les simples citoyens nord-américains se sont enrichis et disposent d’un capital qu’ils investissent en "fonds de pension" pour contrôler le monde. »
Enfin, pour les « nationalistes-révolutionnaires » (fascistes) actuels, comme Norberto Ceresole, l’un des mentors de Chavez décédé en 2003, la thèse des nations prolétaires permet de justifier la création d’une union internationale contre l’axe « américano-sioniste » entre des dictateurs de tous les pays du Sud (si possible dotés de l’arme nucléaire) et l’islam politique, Hezbollah, Hamas et Iran khomeiniste en tête. Ceresole vit dans un premier temps en Chavez le nouveau Bolivar de l’Amérique latine qui allait, sous une main de fer, unir les militaires nationalistes du continent américain contre les Etats-Unis. Il crut dans le charisme de ce « caudillo » qui renouait avec une vieille tradition militaro-populiste. Puis il se fâcha avec son élève pour des raisons obscures. Mais la stratégie diplomatique et géopolitique qu’il préconisait dans ses livres est exactement celle qu’applique Chavez : alliance avec l’Iran et la Libye, utilisation de l’arme du pétrole, dénonciation de l’Empire américain, exaltation du nationalisme bolivarien, etc.
Souvent, les nations prolétaires sont aussi pour les fascistes des « nations juvéniles » qu’ils opposent à un Occident marqué par la « décadence » et le « matérialisme », d’où leur fascination pour les mouvements de libération nationale et les nationalismes du Sud, zone regroupant des Etats récemment créés et où la population jeune est beaucoup plus importante que dans le Nord.
Extrait du n° 36/37 de Ni patrie ni frontières : "Extrême gauche, extrême droite : inventaire de la confusion"