Anti-américanisme : l’extrême gauche (spécialement en France) a toujours été hostile aux Etats-Unis. Elle a systématiquement dénoncé :
– les interventions militaires américaines à l’étranger (tout en étant beaucoup moins bavarde et active sur les interventions militaires françaises en Afrique) ;
– les coups d’Etat exécutés avec l’aide de la CIA ;
– les missiles placés en Europe contre l’URSS ;
– l’usage de l’arme atomique à Nagasaki et Hiroshima ;
– l’influence néfaste des romans, des séries télé et des films policiers américains ;
– « l’invasion » du Coca Cola, des Mc Donald’s, des jeans, des ordinateurs IBM, des logiciels Microsoft, des fast-foods, de la « mal-bouffe », etc.
Elle rejoignait et rejoint ainsi les calculs politiques de certaines fractions de la bourgeoisie nationale qui préfèrent que les prolétaires dirigent leur colère contre des capitalistes étrangers que contre elle-même.
L’extrême droite a toujours été divisée sur ces questions, du moins tant qu’existait l’URSS, et elle hésitait à s’engager dans des campagnes aux côtés du PCF ou de l’extrême gauche sur les questions internationales. Par exemple, au moment de la guerre du Vietnam, certains groupes d’extrême droite (Occident, Ordre Nouveau) faisaient le coup de poing contre ceux qui dénonçaient l’intervention américaine dans le Sud-Est asiatique.
Mais en même temps le fasciste belge Thiriart, idéologue du Parti communautaire européen, écrivait déjà en 1966 : « L’Occident dont se gargarisent les droitiers français, ce n’est que ça ; l’aire d’expansion de la limonade américaine (…). Cet Occident nous le vomissons. Et nous vomissons les gens qui s’en font les complices et idolâtrent les Etats-Unis ”premier Etat juif du monde” ». Thiriart considérait les Américains (et les Russes) comme deux rameaux stériles de la « race blanche ». Il publia un article en 1966 dans la revue du Parti communiste yougoslave, participa en 1968 au Congrès de l’Union socialiste arabe en Egypte, reçut de la publicité de l’OLP pour sa publication, jusqu’à ce que Ahmed Choukeiry soit remplacé par Yasser Arafat à la tête de l’organisation en février 1969. Quant aux fascistes de l’Organisation Lutte du Peuple, ils déclaraient en 1973 que l’impérialisme américain tuait « l’individu et la communauté du peuple ». Et, en France, le Parti prolétarien national-socialiste soutenait, en 1964, la révolution algérienne, le panarabisme et l’URSS « russo-aryenne ».
Depuis la disparition du camp stalino-progressiste, de nombreux groupes néofascistes se sont investis dans l’anti-américanisme, à la fois culturel (la culture américaine étant considérée comme issue d’un peuple inférieur, matérialiste, sans idéaux, etc.) mais aussi géostratégique, puisque l’extrême droite est favorable à une Europe forte qui ne dépendrait plus de la puissance américaine, censée subir l’influence du « lobby sioniste ».