Sur quelques conséquences de la formation obligatoire à la citoyenneté
Avez-vous un passeport d’un autre pays que les Pays-Bas ? Etes-vous citoyen(ne) d’un pays non occidental ? Et avez-vous vécu moins de huit ans aux Pays-Bas avant l’âge de 16 ans ? Dans ce cas, selon la ministre Rita Verdonk, vous devrez suivre une formation à la citoyenneté, sanctionnée par un examen final. Cette mesure fera bientôt l’objet d’une nouvelle loi : la loi sur l’intégration (Wet Inburgering).
Avez-vous été naturalisé(e) néerlandais, ou êtes-vous originaire des Antilles néerlandaises ? Vous serez alors obligé de suivre une formation à la citoyenneté, si vous êtes au chômage ou si vous êtes le parent d’un enfant mineur. Les ressortissant(e)s des pays non occidentaux qui veulent venir vivre aux Pays-Bas pour rejoindre leurs familles devront passer un examen d’intégration dans leur pays d’origine, avant qu’ils (elles) soient autorisés à s’installer aux Pays-Bas.
L’intégration forcée : qu’est-ce que cela veut dire ?
Tout d’abord, vous recevrez une lettre de la mairie qui vous informera que vous êtes désormais obligé(e) de vous « intégrer » à la société néerlandaise. Ensuite vous devrez vous-même trouver une école qui vous dispensera une formation à la citoyenneté. Vous devrez payer ces cours de votre poche, soit environ 6000 €. Si vous ne disposez pas de cette somme, vous pourrez contracter un prêt à intérêt auprès de l’Informatie Beheer Groep (IB-Groep).
Une fois que vous aurez suivi cette formation, vous devrez passer un examen. Si vous le réussissez dans un délai de 3 ans, le gouvernement vous remboursera 3000 €, mais si vous échouez au cours des 5 années suivantes, ou si vous refusez de vous y présenter, vous devrez payer une amende de 500 €. Si vous mettez plus de 5 ans à réussir cet examen, vous devrez payer une amende de 1000 €.
Etes-vous réfugié(e) politique ? Très bientôt vous ne pourrez plus recevoir de permis de séjour permanent, tant que vous n’aurez pas réussi cet examen. Etes-vous un(e) immigré(e) non occidental(e) marié(e) à un(e) Néerlandais(e) ? Vous n’aurez plus de permis de séjour indépendant de votre conjoint, tant que vous n’aurez pas réussi ce test.
Si vous acceptez cette « intégration forcée », le gouvernement intégrera, dans deux bases de données nationales, vos données personnelles (identité, diplômes, etc.) et celles concernant la progression de votre apprentissage de la citoyenneté. Ces bases de données seront gérées par l’IB-Groep. Grâce à ces informations, les fonctionnaires pourront déterminer exactement quels sont les droits qu’ils peuvent vous refuser. De cette façon, des catégories importantes de gens seront considérées comme des citoyen(ne)s de seconde zone qui n’ont pas encore bien appris leur leçon d’« intégration ».
Que devrez-vous apprendre ?
Tout d’abord vous devrez « maîtriser le néerlandais ». Certes, il est important de savoir parler la langue du pays où vous vivez. Par exemple, si vous voulez lutter pour l’égalité des droits avec d’autres personnes ! Mais nous sommes totalement opposés au fait d’obliger les étrangers à apprendre le néerlandais. Nous pensons qu’il est temps que l’Etat néerlandais organise des cours gratuits de néerlandais, cours de bonne qualité que chacun sera libre de suivre, s’il le désire.
De plus, cette formation à l’intégration vous obligera à maîtriser la « culture néerlandaise ». Un seul problème : il existe autant de coutumes, de traditions et d’habitudes « néerlandaises » qu’il y a d’habitants aux Pays-Bas. En réalité, ce que le gouvernement veut vous enseigner, ce sont les attitudes, les opinions et les valeurs les plus conservatrices, celles de ceux qui obéissent aveuglément aux autorités !
Comment pouvons-vous stopper l’intégration forcée ?
Ce ne sera pas facile. La plupart des partis, même ceux qui sont dans l’opposition, sont favorables à cette nouvelle loi. C’est aux citoyens ordinaires, qu’ils soient Néerlandais de naissance ou pas, de construire un mouvement de protestation à la base. Notre plateforme « Halte à l’intégration forcée » (Stop de inburgeringsplicht !) veut contribuer à construire ce mouvement.
De Fabel van de illegaal (2006)