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Trotskystes et obsessions électorales (2007)

Dans les « Thèses sur le parlementarisme » adoptées par le deuxième congrès de l’Internationale communiste en 1920, le raisonnement des communistes était limpide et précis :
– « les réformes parlementaires (…) ont perdu toute importance pratique pour les masses laborieuses » (nous étions donc entrés, selon la Troisième Internationale, dans une période historique où il ne s’agissait plus de proposer un catalogue de revendications minimales, comme le font invariablement les trotskystes à toutes les élections) ;
– si les communistes participent aux élections municipales ou législatives, c’est en vue de hâter la destruction de l’État : il s’agit de « détruire le parlementarisme en général », de « faire sauter la machine gouvernementale de la bourgeoisie, y compris les institutions parlementaires » (discours que ne tiennent plus ni LO et le PT puisque ces organisations se réclament, de façon certes différente, de la démocratie communale, ni la LCR qui souhaite une « Assemblée constituante » et un « gouvernement anticapitaliste ») ;
– il est « théoriquement faux d’opposer aux organes gouvernementaux » les « institutions municipales ou communales de la bourgeoisie » (ce que font régulièrement Lutte ouvrière et le Parti des travailleurs) ;
– la participation à l’action parlementaire « consiste surtout à user de la tribune parlementaire à des fins d’agitation révolutionnaire » et elle doit être subordonnée « aux buts et aux tâches de lutte extraparlementaire des masses » (on a vu que les 5 députés LO et LCR n’ont pas du tout eu cette attitude au Parlement européen ; de toute façon leur temps de parole était limité à 90 secondes quelques fois par an, et ils devaient voter des dizaines de textes par jour en appuyant sur des petits boutons de couleur différente ; la cadence était telle que chaque chef de groupe parlementaire se plaçait devant ses députés pour indiquer par des signes ce qu’il fallait voter, afin d’éviter les erreurs !) ;
– l’objectif est de « remplacer, dans certaines circonstances, les municipalités par des soviets de députés ouvriers » (les trotskystes français ne parlent jamais des soviets ou des conseils ouvriers pendant leurs campagnes électorales) ;
– si des députés communistes sont élus, ce sera en vue de déposer régulièrement des « projets de loi purement démonstratifs conçus, non en vue de leur adoption par la majorité bourgeoise, mais pour la propagande, l’agitation et l’organisation ». On est loin des polémiques grotesques autour de la taxe Tobin au Parlement européen. Ou des souhaits de LO, en 1978, d’avoir des députés pour voter les meilleurs projets de la gauche ;
– le député communiste doit « se rappeler qu’il n’est pas un législateur, cherchant un langage commun avec d’autres législateurs, mais un agitateur du Parti envoyé chez l’ennemi ».
Ces thèses ont formé des générations de trotskystes depuis 70 ans (enfin, en principe…), et elles n’ont jamais été critiquées frontalement par les descendants actuels, ternes et mollassons, de la Troisième Internationale, les Besancenot, Krivine, Laguiller ou Gluckstein. En lisant les thèses de l’Internationale communiste, on se rend cependant compte qu’elles ont été conçues pour une période prérévolutionnaire, où il s’agit de préparer l’armement immédiat du prolétariat et le renversement (ou la destruction) de l’État. En même temps, période pré-révolutionnaire ou pas, on y sent une détermination révolutionnaire qui n’a rien à voir avec la bouillie « antilibérale » (LCR), « national-républicaine » (PT) ou populiste (LO) que nous sert la « gauche radicale » actuelle.

Article mis en ligne le 5 mai 2017
dernière modification le 24 mai 2017