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La femme et l’Islam

Dans le cadre de l’intense campagne menée contre les pays où l’islam est la religion dominante (comme l’Iran ou l’Afghanistan), la description de l’oppression de la femme est souvent utilisée à des fins de propagande, y compris par les journaux les plus réactionnaires type Paris Match, France Soir ou Le Figaro.

Cette campagne idéologique anti-islamique remporte même du succès auprès de bons phallocrates inconscients qui ne s’indignent du sort réservé à la femme que lorsqu’il s’agit des pays islamiques et oublient que les femmes n’ont, par exemple, le droit de vote en France que depuis 1945 et en Suisse que depuis 1971 !

Article mis en ligne le 1er mai 2017

Une oppression

qui varie suivant les classes sociales et les Etats

Il est impossible de mettre dans le même sac tous les pays arabes, asiatiques ou africains où l’islam domine. La situation de la femme sahraouie n’a pas grand-chose à voir avec elle de la femme égyptienne, palestinienne, soudanaise, pakistanaise ou algérienne. De plus, au sein des différents pays, suivant les régions et les classes, la situation n’est pas la même : dans certaines régions de l’Egypte ou du Yémen, par exemple, la femme est encore excisée, alors qu’à côté la société touareg connaît encore des vestiges de matriarcat.

Si l’on veut faire une comparaison avec le rôle réactionnaire de la religion catholique, les effets de l’idéologie religieuse sur la condition de la femme sont plus néfastes en Italie ou en Espagne qu’en France : et pour cause, car l’Eglise détient un pouvoir séculier beaucoup plus grand, et la famille patriarcale est beaucoup plus forte.

De même, dans les pays arabes et islamiques, le poids de la religion n’est pas le même suivant qu’une femme vit dans les grandes villes ou à la campagne, dans des régions où se développent des mouvements de guérilla (Dhofar, Sahara occidental, Palestine) ou dans des Etats constitués. On ne peut comparer avec la France, l’Allemagne ou la Suède, où le capitalisme est beaucoup plus développé, où la majorité de la population vit dans les villes, est scolarisée et alphabétisée, où une très importante minorité de femmes travaillent et où la séparation entre l’Eglise et l’Etat a été faite en général il y a au moins un siècle. C’est bien plus le niveau de développement économique qui explique la position sociale inférieure des femmes dans les pays musulmans que la religion en elle-même.

L’islam au service de l’asservissement de la femme

Ces restrictions faites, il faut reconnaître qu’effectivement les femmes ont beaucoup moins de droits dans les pays islamiques que dans les pays capitalistes avancés.

La virginité de la femme avant le mariage est beaucoup plus valorisée que dans n’importe quel pays européen (quoique dans certaines régions du Portugal, de l’Italie ou de l’Espagne, la situation ne soit guère différente ; il n’est pas rare que des certificats médicaux de virginité soient exigés par le mari avant le mariage, ou que la femme soit tout simplement répudiée si le mari découvre qu’elle n’est plus vierge après la cérémonie.

Le mari est autorisé à battre sa femme.

Le port du voile, s’il a tendance à diminuer est encore fréquent pour les femmes de plus de 35-40 ans (Rappelons que cet article fut écrit en 1980 et que la situation a de nouveau empiré « grâce » aux islamistes, NPNF).

La famille décide généralement du choix de l’époux (comme du choix de l’épouse d’ailleurs) et les mariages forcés sont fréquents. Lors de la signature du contrat, la femme ne joue aucun rôle. Il lui faut l’accord d’un tuteur pour qu’une femme se marie : toute sa vie, elle est considérée comme mineure et doit recourir à l’homme qui la tutellise (père, mari, oncle, cousin ou même fils aîné).

La dot, souvent exigée, ne constitue en rien une garantie pour la femme. Elle est ainsi et vendue au gré des besoins du père et de l’époux.

Le mariage non religieux est condamné, et les mariages avec des étrangers, de plus non musulmans, mal vus. Une Algérienne qui se marie avec un Français, par exemple, perd du même coup sa nationalité !

La polygamie est souvent légale, et se pratique toujours au détriment de la femme. Cette pratique est cependant en voie de disparition, avec la dissolution de la famille patriarcale classique, et ne s’exerce que si l’homme possède des ressources. C’est, à la limite, un signe extérieur de richesse.

Le divorce est difficile et la situation de la femme divorcée ou célibataire est intenable : elle se met du même coup en marge de la société et en butte à son hostilité. La répudiation de la femme par le mari est encore fréquente : elle y perd alors toute ressource.

Les femmes ont du mal à faire des études secondaires , a fortiori supérieures, et encore plus à travailler [Sur ce plan-là, la situation a changé depuis 1980, introduisant de nouvelles contradictions entre les hommes et les femmes au sein des pays musulmans les plus développés, suscitant la création d’associations de femmes, voire des débats au sein de l’islam lui-même, NPNF.] Parfois, le père retire sa fille de l’école dès la puberté, pour la marier.

Les femmes sont confinées de façon draconienne aux travaux domestiques, et parfois ne sortent même pas pour faire les courses. Certains musulmans intégristes se plaisent à dire que la femme ne sort que deux fois de chez elle dans sa vie : pour son mariage et pour son enterrement. L’avortement est interdit et donc pratiqué clandestinement dans des conditions scandaleuses. Il faut dire que, du fait du poids des traditions arabo-islamiques la femme tire une valorisation du nombre de ses enfants. On voit parfois des familles de 15 à 20 enfants. L’opposition à l’avortement vient parfois des femmes elles-mêmes. Par exemple, en Tunisie, où la campagne gouvernementale pour la contraception n’a pas eu l’effet escompté.

[A notre avis, ce passage n’est pas très clair : d’une part il mélange deux choses complètement différentes, la contraception et l’avortement ; d’autre part, il semble assez normal que des femmes mal informées aient, dans un premier temps, un réflexe de méfiance vis-à-vis d’un pouvoir qui s’ingère dans leur intimité et semble vouloir leur imposer de façon autoritaire la contraception, quand ce n’est pas l’avortement. Surtout quand on connaît le caractère policier de l’Etat tunisien. Ni patrie ni frontières]

Mais il va sans dire que dans les villes, les mentalités ont tendance à évoluer.

Une formidable énergie non utilisée et réprimée

Rien ne dit que les femmes accepteront toujours leur sort. Les luttes des femmes palestiniennes dès 1936 montrent la possibilité d’un tel combat. Les droits conquis actuellement par les femmes sahraouies nous fournissent un autre exemple, certes isolé et minoritaire, mais qui, nous l’espérons, deviendra un point de référence pour les femmes exploitées de tous les pays islamiques.

La révolte des femmes des classes exploitées pourrait représenter une force considérable. Les révolutionnaires des pays islamiques, en dépit des innombrables difficultés, devront accorder une attention toute particulière à cette question.

Combat communiste

(octobre 1980)