La gauche occidentale actuelle défend rarement avec beaucoup d’enthousiasme les Lumières. Et pour cause : leur héritage social est en ruine. Durant la période d’expansion qui a suivi la seconde guerre mondiale, entre 1945 et 1975, à l’est, à l’ouest, au sud et au nord, les « planificateurs éclairés » (quelles que soient les conséquences sordides de leurs décisions) avaient un certain cachet. Aujourd’hui, de Novossibirsk et Tchernobyl au dynamitage des tours de la cité Pruit Igoe à Saint-Louis [en 1972], en passant par les gigantesques aciéries semi-abandonnées et les super-autoroutes construites avec l’aide de l’Occident et de l’Union soviétique pour des dictateurs du tiers-monde aujourd’hui oubliés, les ruines de l’appropriation bureaucratique du projet des Lumières ont envahi la planète.
Loren Goldner : Renaissance et rationalité : le statut des Lumières aujourd’hui
Article mis en ligne le 30 avril 2017
dernière modification le 25 mai 2017