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Ni patrie ni frontières
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Anarchisme, nation, identité

« Un projet de longue haleine, commencé il y a près d’un an et demi, destiné à flétrir les notions d’identité et de culture comme valeurs politiques positives. Dans ce véritable ouvrage de presque 200 pages, l’auteur dénonce le phénomène multiculturaliste, qui transcende les clivages politiques et tente d’investir les courants les plus radicaux. »

(Présentation du livre écrite par Karim Landais pour son site Internet)

Article mis en ligne le 30 avril 2017
dernière modification le 25 mai 2017

Préface

Ce texte a déjà été publié en 2006, un an après la disparition de Karim Landais en juin 2005. Il était alors inclus dans deux gros volumes rassemblant presque tous les écrits de Karim. Cette anthologie (Passions militantes et rigueur historienne) étant désormais presque épuisée, nous avons choisi de republier, dans un ouvrage au format plus maniable, ce texte qui n’a pas pris une ride.

En effet, les questions liées à la « culture », à « l’identité », à la « nation », au multiculturalisme, à l’ « Europe des régions » (ou des « nations ») sont plus que jamais au cœur des débats politiques en France, comme en témoignent, à des niveaux différents, la création du mouvement des Indigènes de la République et du CRAN en 2005 ; les « émeutes » de Novembre 2005 ; les discours patriotards de Royale et Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007 ; les multiples façons dont la droite et la gauche françaises instrumentalisent l’histoire de la France ; la désignation d’un ministre de « l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire » (ou « de la Rafle, de la Honte et du Drapeau », comme le dit justement le Réseau Education sans frontières) ; les contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur les travailleurs migrants, qu’ils soient ou non en « situation régulière » ; les débats sur le hijab et la place de l’islam dans un pays aux « racines chrétiennes » ; la nomination de personnalités « issues de la diversité » (en clair de personnes d’origine africaine et nord-africaine ») à des responsabilités gouvernementales, sans compter l’incapacité de la gauche et de l’extrême gauche à mobiliser, ne serait-ce que leurs électeurs, sur une base internationaliste, ou mieux anationale, lors des élections et référendums européens, et à mobiliser dans la rue contre la présence et les interventions des troupes françaises en dehors de l’Hexagone.

Ce petit livre, écrit par un jeune homme qui voulait devenir historien et avait une haute idée de cette discipline, défend un point de vue partisan, anarchiste (1), sans pour autant être un pamphlet idéologique. Il est solidement argumenté et fourmille de références utiles pour celui ou celle qui voudrait approfondir les questions ici abordées. Même si Karim prend pour cible un courant peu connu, celui de l’ « anarcho-indépendantisme (2) », et plus largement les anarchistes qui soutiennent les mouvements « régionalistes » ou indépendantistes, cet ouvrage est porté par une réflexion plus globale sur les liens réels ou imaginaires entre région, culture, nation et Etat ; les spécificités du nationalisme de gauche et les dangers du multiculturalisme. On peut ne pas être d’accord avec telle ou telle formulation, hypothèse ou idée de l’auteur (je ne crois pas, par exemple, que l’Union européenne puisse être assimilée à une structure « d’inspiration néo-totalitaire » ou « corporatiste » comme l’affirmait Karim), mais on doit lui reconnaître un souci de rigueur, une clarté d’exposition, un sens de la nuance, qualités rares chez un auteur « révolutionnaire » et surtout une incitation à réfléchir par soi-même.

Que demander d’autre à un bon livre ?

1. Karim Landais était engagé dans un processus d’évolution politique qui nous empêche de rattacher sa pensée à tel ou tel courant « labellisé » de l’anarchisme et de lui coller ainsi une étiquette indélébile. Rien ne nous permet de deviner quels auraient été, aujourd’hui, en 2008 ses choix politiques. Ce qui, en fin de compte, est plutôt positif et devrait inciter le lecteur à s’intéresser surtout au contenu de son livre et aux questions qu’il pose.
2. Comme le précise Karim : « par le terme d’anarcho-indépendantisme, nous entendons désigner toutes les positions tendant à accorder une importance accrue au problème national dans la rhétorique anarchiste et à proposer son règlement par le mariage de l’idée d’indépendance nationale et de celle de société libertaire ».