La centralité de la race dans la formation de la classe ouvrière américaine, le fait que les questions de race et de classe soient inséparables, peuvent être résumés très succinctement : en 1848 et en 1968, lorsque des explosions de la classe ouvrière se sont produites en Europe sous la bannière du « socialisme » et du « communisme », le contrôle qu’exerçait le Parti démocrate sur la classe ouvrière américaine s’est effondré sous la pression de la question raciale. Telle est la clé de l’américanisation du marxisme.
C’est seulement très récemment que l’on a commencé à admettre qu’il était impossible de discuter de la formation de la classe ouvrière américaine sans une analyse de la race. Les questions de race et de classe dans l’histoire de l’Amérique ont été abordées par des penseurs comme W.E.B. DuBois, Eugene Genovese, C.L.R. James, Eric Foner, ou plus récemment, Allen et Ignatiev . L’article qui suit, toutefois, se place à un autre niveau, peut-être complémentaire. L’« histoire sociale » en tant que telle n’est pas sa seule préoccupation ou son point fort. Même si ce texte utilise ce type d’informations, il tente de développer une perspective théorique plus large, démarche que les histoires axées sur une perspective plus étroite ont tendance à éviter.