Dans un congrès ouvrier en 1924 l’aile gauche du Parti communiste turc, déclara : « L’émancipation des ouvriers doit être, est nécessairement, conquise par les classes laborieuses elles-mêmes. Le jeune prolétariat turc qui lutte pour ses propres intérêts doit savoir parfaitement que seule son unité, sa solidarité, avec les ouvriers du monde conduira à la victoire. Les slogans : “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ” et “Les ouvriers n’ont pas de patrie parce qu’ils sont exploités partout” doivent être également les slogans de la classe ouvrière en Turquie. […] Nous devons lutter courageusement contre la bourgeoisie nationale et la faire payer pour son despotisme et pour tous les maux qu’elle provoque ».
Comparons cette déclaration très claire avec ce qu’écrivit Trotsky dans un mémo secret à Lénine, en 1920 : « Toutes les informations sur la situation à Khiva, en Perse, à Boukhara et en Afghanistan confirment le fait qu’une révolution soviétique dans ces pays va nous causer de grandes difficultés à l’heure actuelle... Jusqu’à ce que la situation en Occident soit stabilisée et que nos industries et nos systèmes de transport se soient améliorés, une expansion soviétique à l’est pourrait s’avérer non moins dangereuse qu’une guerre en Occident. J’en conclus que : 1) à l’est, nous devons nous consacrer au travail politique et éducatif… et en même temps recommander toute la prudence possible dans les actions calculées pour exiger notre soutien militaire [...] ; 2) nous devons continuer, par tous les moyens possibles à notre disposition, à parvenir à un accord avec l’Angleterre au sujet de l’Est. »
Le mémo de Trotsky résume toute la politique de l’URSS en direction de l’Eurasie, c’est-à-dire le soutien aux nationalistes bourgeois. La résolution votée lors du deuxième congrès de l’Internationale communiste en 1920 ouvrit la voie à la « défense de l’URSS » et Staline n’eut plus qu’à parachever son œuvre criminelle du prétendu « socialisme dans un seul pays ».
Les communistes de Turquie et de Perse savaient, eux, qu’il fallait combattre les bourgeois dits « nationaux », s’ils ne voulaient pas être emprisonnés et assassinés.
Cet ouvrage nous présente la critique en actes des positions erronées de Lénine et de l’internationale communiste.
Michel Roger
Prix : 12 €