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Ni patrie ni frontières
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« Caïds » du 9-3… « islamistes » de 8 ans et mosquées « clandestines » : laïcité et athéisme riment parfois avec racisme (mars 2007).
Article mis en ligne le 17 juin 2023

Nous reproduisons cet article publié sur le site mondialisme.org en mars 2007 ainsi que dans la revue ’Ni patrie ni frontières" n° 18/19/20 parce qu’il n’a malheureusement pas vieilli. Entre la droite et l’extrême droite qui sont obsédés par l’islam et les "étrangers", d’un côté, et de l’autre, des républicains laïcs de "gauche" qui partagent les mêmes obsessions xénophobes et antimusulmanes, nous n’avons pas à choisir entre la peste et le choléra.

Nous ne pouvons pas non plus soutenir les positions de la gauche théocompatible, comme par exemple Sud Education Paris qui, dans un communiqué récent, prétend que l’abbaya serait une simple "robe longue" et non un uniforme religieux. Sur les listes de discussion entre musulmans francophones, sur des sites d’information comme oumma.com ou al jazeera, sites peu suspects d’être hostiles à l’islam, sur les sites de vente en ligne des abbayas, on trouve de nombreux avis de "théologiens" musulmans qui affirment que l’abbaya permet de dissimuler les formes féminines, y compris celles des épaules et de garantir la modestie et la pudeur des femmes, conformément au Coran et aux avis des "savants religieux" de l’islam depuis des siècles. L’abbaya est l’objet d’avis divergents de religieux, y compris en Arabie saoudite, et n’est donc pas seulement un "vêtement" traditionnel. Toutes les religions veulent contrôler le corps des femmes, n’en déplaise à la gauche théocompatible.

Face à la confusion régnante à gauche et à l’extrême gauche sur ces questions il faut répéter inlassablement :

1. que la pratique religieuse est libre en France et doit le rester ;

2. que la religion est une forme d’obscurantisme particulièrement réactionnaire et doit être critiquée sans qu’aucune loi sur de prétendus "blasphèmes" soit adoptée ;

3. que les tenues vestimentaires ou les éventuels lieux de prière, dans des établissements scolaires doivent être réglementés par des règlements intérieurs fixés en commun par les enseignants, le personnel administratif, les parents et les élèves concernés. Seuls des débats, aussi longs et fastidieux soient-ils, peuvent permettre d’arriver à des accords et à des compromis, sans que soient tolérés ni les arguments racistes ni les arguments des fondamentalistes religieux qui ne respectent pas la démocratie.

La politisation de ces questions par les partis, les gouvernements mais aussi par les forces de l’islam politique ou certains courants religieux musulmans ou chrétiens intégristes ne peut amener qu’à une augmentation du racisme anti-musulmans (expression bancale mais plus satisfaisante que celle, manipulatrice, d’islamophobie) et à une division croissante entre les travailleurs de différentes origines et opinions.

Les minorités religieuses en France doivent pouvoir bénéficier de tous les droits démocratiques à condition qu’elles respectent ceux des incroyants et des athées, ce qui passe par l’acceptation de la diffusion non censurée de caricatures, d’articles, de livres, d’oeuvres artistiques ou de films qui critiquent l’obscurantisme religieux et les aspects réactionnaires de toutes les religions.

La liberté de prier ou de porter des tenues religieuses à l’école ou au travail n’a de sens que si les croyants (de toutes les religions) respectent les droits démocratiques des incroyants et des athées. Elle n’a de sens que s’ils s’engagent à ne pas imposer leurs tenues et leurs "valeurs" religieuses aux incroyants et aux athées, mais aussi aux croyants eux-mêmes. Cela suppose que les religions, toutes les religions, acceptent qu’elles ne détiennent pas la Vérité...
Cela suppose des débats approfondis et non l’imposition de nouvelles lois qui apparaîtront forcément discriminatoires.

Y.C., Ni patrie ni frontières, 16 juin 2023