suivi de "Quelques brèves remarques sur les motivations des commandos- suicides islamiques" (Yves Coleman)
Le texte suivant a été écrit par Sean Matgamma, de l’Alliance for Workers Liberty en Grande-Bretagne, sous forme d’un dialogue imaginaire. J’ai opéré de légères coupes signalées par des points de suspension entre parenthèses.
Malgré les qualités indéniables de ce texte, je suis en désaccord avec certains points développés par l’auteur, notamment lorsqu’il mentionne l’existence d’une « civilisation (1) démocratique-bourgeoise » ou « bourgeoise démocratique ». Chacune de ces deux notions (« civilisation » et « démocratie bourgeoise ») doit être maniée avec des pincettes et définie précisément, ce que l’auteur ne fait pas. Or, dans ce domaine sensible, l’absence de définition est lourde d’ambiguïtés. De plus, leur fusion dans un seul concept risque d’être assimilée à une version light de la « civilisation occidentale » - de bien triste mémoire. L’auteur aurait été plus convaincant en étant plus explicite. En effet, autant la question des droits et libertés démocratiques me paraît absolument essentielle dans tous les pays de la planète, autant l’enfermer dans une question « civilisationnelle » mène, à notre avis, à une impasse politique et théorique pour des révolutionnaires.
D’autre part, je ne partage pas ses jugements à l’emporte-pièce sur la question du suicide en islam (que cette religion condamne clairement) et je pense qu’il existe d’autres motivations moins folkloriques que le (trop fameux) harem des vierges qui attendraient les djihadistes au Paradis (comme nous l’expliquons dans un commentaire placé en annexe : Quelques brèves remarques sur les motivations des commandos- suicides islamiques.
Enfin cela n’a pas grand sens de parler de « l’intégration » des communautés musulmanes en Occident, si l’on ne précise pas exactement ce que l’on entend par là. Est-ce l’assimilation « à la française » (qui avait traditionnellement plutôt tendance à couper les gens de leur culture d’origine quand ce n’est pas à la mépriser au nom de la supériorité prétendue de la culture universaliste...française) ? est-ce un dépassement idyllique dans quelques siècles de toutes les différences ethniques et religieuses pour parvenir à un monde harmonieux mais uniforme ? Mystère.
Pour le reste, c’est-à-dire à mes yeux l’essentiel, cet article me semble mettre la question de la liberté d’expression au centre du débat et se démarquer de tous les Ponce Pilate gauchistes, libertaires, tiers mondains, islamophiles ou tout simplement « mous du bulbe » de la gauche et de l’extrême gauche - ce que l’auteur appelle les « invertebrated liberais » que l’on traduira par la « gauche invertébrée » ou les « libéraux invertébrés », au choix. En cela, ce texte est profondément salutaire, car il rappelle que les révolutionnaires ne sont pas du tout indifférents à la question de la liberté d’expression.
De plus Sean, Matgamma identifie clairement l’islam politique comme un ennemi pour le prolétariat, et non comme un allié, fût-il circonstanciel, ce qui est le BA-BA de toute politique révolutionnaire aujourd’hui.
(Yves Coleman, Ni patrie ni frontières, 2006)