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Rudolf De Jong : Soutien et réticences d’Emma Goldman durant la Révolution espagnole
Article mis en ligne le 2 mai 2022

[Cet article est paru, sous le titre « Révolution espagnole. Soutien et réticences » dans le numéro 8 de la revue Itinéraire. Une vie une pensée consacré à Emma Goldman en 1990. Le texte ci-dessous a été traduit du néerlandais par R.F. et de l’anglais par Denis. La revue est disponible en entier sur le site anarlivres.free.fr. Les références bibliographiques ont été actualisées, Y.C.]

Admirant la ténacité avec laquelle les ouvriers et les paysans restent fidèles à leur révolution et à l’élan révolutionnaire, Emma Goldman porte un jugement amer dans sa correspondance privée sur l’évolution des organisations libertaires.

Emma Goldman et la guerre civile espagnole furent longtemps l’histoire d’une grande héroïne et de la grande épopée du mouvement anarchiste. Mais, pour les anarchistes et les non-anarchistes d’aujourd’hui, Goldman et la guerre civile espagnole ont des aspects communs plus intéressants que l’héroïsme ; des aspects qui comportent également des critiques et autocritiques. Mais commençons par le début : le rôle d’Emma Goldman dans la guerre civile et la révolution espagnoles. Le 28 juin 1936, Alexandre Berkman –torturé par la douleur d’une opération à moitié manquée, découragé – se suicide. C’était la plus dure épreuve que pouvait supporter Emma. Peu de temps après, le 19 juillet 1936, les travailleurs de Barcelone et d’autres villes d’Espagne abattent la rébellion de l’armée contre la République et commencent aussi bien la guerre civile espagnole que la Révolution espagnole. L’Espagne ne pouvait consoler Emma Goldman de la perte de Berkman mais donnait un sens et un but à sa vie. Le 17 septembre 1936, à la suite d’une invitation de l’anarchosyndicaliste allemand Augustin Souchy, qui était actif auprès du secrétariat national de la CNT, elle arrive en Espagne.