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Ni patrie ni frontières
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Adam Rothman & Barbara J. Fields : La mort de Hannah Fizer
Article mis en ligne le 23 août 2020

Les Noirs souffrent de manière disproportionnée des violences policières. Mais la peau blanche n’offre pas d’immunité.

Dissent, 24 juillet 2020

Dissent se présente comme « l’une des principales revues intellectuelles américaines et un pilier de la gauche démocratique » : nous respectons ses engagements mais nous n’en partageons pas les positions, ni au plan théorique ni d’un point de vue politique. Pas plus que nous souscrivons au démocratisme radical des auteurs dont nous proposons l’article en traduction. Ainsi, les esclavagistes n’ont pas été excessifs : ils étaient tout simplement esclavagistes. Il n’y a pas un usage limité ou maîtrisé de la force par la police : il y a la police. Le capital n’est pas débridé : c’est le capital. Néanmoins, dans un contexte où les meurtres policiers de personnes noires suscitent, de part et d’autre de l’Atlantique, une colère légitime, occupent un espace médiatique de premier plan et appellent à nouveau des cadres d’analyse spécifiques en rapport avec le racisme et la discrimination, cet article présente un intérêt non négligeable.

En effet, penser la violence policière – et la société inégalitaire qu’elle incarne – à partir de l’une de ses victimes identifiée comme blanche rappelle l’unité fondamentale qui sous-tend l’ensemble des crimes et des violences de la police. Loin d’invisibiliser ou de minimiser les coordonnées particulières à chaque victime (son genre, son âge, sa couleur de peau, sa classe, etc.), une telle perspective critique a le mérite de les réinscrire dans une dynamique plus large d’exploitation économique et de domination sociale, seul préalable à la construction un tant soit peu prometteuse d’une « coalition politique en prise avec les conditions réelles de la société américaine ».

Gamal Oya