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Ni patrie ni frontières
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Marx, la race et le néolibéralisme (2013)
Article mis en ligne le 10 août 2020
dernière modification le 17 août 2022

Une perspective marxiste peut être très utile pour comprendre les notions de race et de racisme. En effet, son point de vue dialectique permet d’envisager le capitalisme comme une totalité sociale. Celle-ci n’englobe pas seulement les modes de production et les rapports de production, elle inclut également l’ensemble des institutions et des idéologies qui facilitent et assurent sa reproduction ; institutions et idéologies qui évoluent elles-mêmes d’une manière relativement pragmatique. Dans ce cadre, la démystification est sans doute la catégorie marxiste la plus appropriée pour aborder les questions indissociables de la « race » et du « racisme » aux États-Unis. Ainsi, une approche inspirée du matérialisme historique devrait permettre de montrer que la « race » relève d’une idéologie historiquement déterminée. Elle soulignerait le fait que son émergence, sa formation et son évolution s’inscrivent dans un ensemble défini de rapports sociaux, au sein d’un système de production particulier dont elle est un élément constitutif.

La « race » implique une classification fondée sur le principe de la différence attributive . Elle relève donc d’une idéologie qui définit des groupes particuliers de populations et hiérarchise leur aptitude, leur valeur civique et leur mérite en fonction des caractéristiques « naturelles » ou essentielles qui leur sont attribuées. En plus de conforter l’ordre social, cette idéologie contribue à légitimer les hiérarchies et les inégalités en matière de richesse, de pouvoir et de privilège, y compris la division sociale du travail, comme si elles étaient dans l’ordre naturel des choses . En fait, les idéologies qui assignent une identité à un groupe donné sont des récits bien ficelés et relèvent du registre des prophéties auto-réalisatrices. Dès lors, le bon sens égoïste est érigé en savoir populaire. Sans hésitation, les récits idéologiques en rapport avec l’assignation sociale passent pour être vrais puisqu’ils semblent prouvés par l’expérience quotidienne. Généralement, ils ne tardent pas à passer pour des vérités évidentes en elles-mêmes, imposées comme telles par la loi, ou par la coutume, dès lors qu’elles servent et renforcent les intérêts des couches sociales qui détiennent le pouvoir.

TEXTES D’ADOLPH REED JR. DISPONIBLES EN FRANCAIS sur ce site

Pour un réexamen de la particularité noire (1979)

Mon cheminement vers la Théorie critique (1984)

Les fausses représentations de la gauche blanche (1993)

Les limites de l’antiracisme (2009)

Marx, la race et le néolibéralisme (2013)

De la « transgenre » Bruce/Caitlyn Jenner à la « transraciale » Rachel Dolezal : pour les féministes et les « Identitaires raciaux » américains y aurait-il de bons et de moins bons « trans » ? (2015)

Les disparités raciales ne nous aident pas à comprendre les structures profondes
de la violence policière (2016)

Antiracisme : la gauche défend des solutions néolibérales (2018)

De quelques clichés, procédés ou « théories » commodes pour éviter la question sociale et celle de l’exploitation de classe des Afro-Américains (2018-2019)

Le mythe du « réductionnisme de classe » (2019)

Pour une histoire politique matérialiste des Noirs américains (2019)

Adolph Reed Jr. et Keeanga-Yamahtta Taylor et débattent des réparations pour l’esclavage aux Etats-Unis (2019)

Disparités raciales en matière de santé et Covid-19. Prudence et contexte (2020)