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Ni patrie ni frontières
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Gilets jaunes : le débat doit continuer... d’autant plus que la confusion persiste
Article mis en ligne le 29 janvier 2019

Dans le numéro 60-61 de "Ni patrie ni frontières" nous avons publié quelques textes mais depuis pas mal d’autres sont parus

A mon avis le meilleur est celui de H.S. (Henri Simon) publié dans Echanges et mouvements.

http://www.echangesetmouvement.fr/2019/01/gilets-jaunes-et-apres/

Posé, prudent et au moins lui n’a pas fumé la moquette... Ou plutôt respiré trop de gasoil.
Certains ont balancé des textes grandiloquents et ridicules (inutile de les reproduire ici, donc, vous les connaissez déjà).

D’autres ont tenté de justfier leur intervention dans ce mouvement interclassiste sans chercher apparemment à le récupérer avec de gros sabots partidaires ou groupusculaires. Voici donc quelques articles et récits utiles :

https://jaune.noblogs.org/

Un journal avec des articles courts et compréhensibles pour une fois pas écrits en langue de bois gauchiste avec plein de bons conseils et de mises en garde politiques salutaires.

Et aussi ce qui est beaucoup plus rare des récits de témoins/participants

 Lyon :
https://jaune.noblogs.org/post/2019/01/14/lyon-un-recit-critique-des-ag-usine-a-gaz/#more-150

 Boulogne-sur-mer

https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2019/01/23/gilets-jaunes-acte-x-en-centre-ville-a-boulogne-sur-mer/

https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2019/01/27/acte-xi-a-boulogne-sur-mer-on-est-la-on-est-la-pour-lhonneur-des-travailleurs-et-pour-un-monde-meilleur-on-est-la/

Si vous connaissez d’autres témoignages qui ne ressemblent pas à un reportage halluciné sur la prise du Palais d’Hiver en octobre 1917, je les diffuserai avec plaisir

Y.C. Ni patrie ni frontières, 29/01/2019

POUR FINIR un extrait d’un texte de José Chatroussat dont je n’ai pas trouvé le lien mais je suppose qu’il sera bientôt en ligne. Je ne suis pas d’accord avec la totalité de cet article, pas plus qu’avec tous les articles de La Mouette Enragée, ou du Journal Jaune, mais cela n’a pas d’importance. Le débat doit continuer !
Journal de notre bord Lettre n° 181 (le 27 janvier 2019)
http://culture.revolution.free.fr/

"(...) Les extrême-droites européennes se
regroupent, s’organisent, s’encouragent, s’échangent
des formules et des argumentaires par-delà les frontières.
Quelques envoyés spéciaux de l’extrême droite des
États-Unis aident à la manoeuvre sur tous les plans. De
Trump à Poutine en passant par Bolsonaro, chacun apporte sa
contribution idéologique et financière. Une internationale
fasciste est tranquillement en train de se mettre en place.
Une bonne partie de la gauche radicale et de la gauche
révolutionnaire ne semble pas comprendre qu’il est grand
temps de devenir ou de redevenir internationaliste,
concrètement et de multiples façons. Or, rien de tel
n’apparaît au grand jour, car chaque parti ou
organisation de gauche ou d’extrême gauche circonscrit
son combat au cadre national. On s’en prend donc à son
gouvernement qui est en cheville avec le Medef, ce qui est
incontestable. Bien sûr, toutes les luttes contre les
tenants du capitalisme que nous avons sous la main en France
sont absolument nécessaires, c’est l’évidence même.
Encore faut-il inscrire ces luttes dans un cadre plus
général, à savoir européen et mondial pour se donner les
moyens d’attaquer le capitalisme sur tous les terrains où
il sévit, et dans l’immédiat, couper l’herbe sous le
pied à tous les démagogues de droite ou d’extrême
droite.

La question me semble avoir une importance assez
considérable par rapport au mouvement des gilets jaunes.
Les fascistes, qui sont décidément plus réactifs que ceux
qui se réclament des idées de gauche ou des idées
révolutionnaires, ont compris que ce mouvement de colère
tout à fait légitime méritait qu’ils s’en occupent,
tout particulièrement sur Internet, pour commencer à
polluer les esprits avec une bonne dose de racisme,
d’antisémitisme et d’insinuations répugnantes qui
anesthésient les capacités critiques et préparent
d’authentiques dérives autoritaires et barbares.
Qualifier pour autant le mouvement hétérogène des gilets
jaunes de fasciste, c’est l’offrir sur un plateau
d’argent à ces manipulateurs. C’est aussi faire un
cadeau à Macron qui a tout fait dans les premières
semaines du mouvement pour qu’il soit perçu comme
fasciste. Et lui s’en serait sorti en se donnant la
posture de celui qui va sauver « nos institutions
démocratiques » et qui pourfend le nationalisme.
Son coup n’a pas marché. Les gens d’extrême droite sont
influents dans ce mouvement, mais il les débordent encore
très largement, parce que des syndicalistes et des
militants de gauche y participent à juste raison, et parce
que de nombreux gilets jaunes ne sont ni racistes, ni
antisémites, ni prêts à croire n’importe quel bobard ou
vidéo truquée qui circule sur la toile.

Mais la situation n’est pas stable. Et sauf à être
fataliste (« les fachos ont déjà gagné la partie »)
ou déraisonnablement optimiste (« la plupart des gilets
jaunes sont fondamentalement anticapitalistes »), le
destin de ce mouvement dépendra de l’intervention plus ou
moins efficace de ses acteurs s’affranchissant de tous les
préjugés nationalistes et souverainistes. Car c’est là
où se trouve la ligne de démarcation : être nationaliste
ou être internationaliste, telle est la question.
Mais qu’est-ce qu’être internationaliste en 2019 ? C’est
tout simplement se considérer comme un être humain, un
habitant comme un autre d’une planète déjà bien
dévastée. Le petit plus qui fait de ce simple habitant un
internationaliste, c’est qu’il a l’impression que les
problèmes les plus graves viennent du capitalisme qui nous
asservit tous et toutes à l’échelle mondiale. La pollution
et le réchauffement climatiques sont internationaux. La
disparition des espèces est internationale. L’exploitation
de la force de travail est internationale. Les formes de
consommation les plus problématiques sont internationales.
Et au bout du compte, pour combattre ce système, il
faudrait s’en tenir au cadre national, à l’agenda
électoral national, aux querelles politiciennes nationales,
à la dénonciation de la malfaisance d’un chef d’État ou
d’un patronat national ? Ou alors s’exciter prioritairement
contre les institutions de l’Union européenne ? N’a-t-on
pas compris que c’est toute une chaîne d’organismes locaux
(les préfets), nationaux (les États) et transnationaux
(UE, FMI, Banque mondiale, OMC, etc) qui sont à la
manoeuvre pour sauver le capital, les multinationales et la
poignée d’individus qui en profitent, quelle que soit leur
nationalité soit dit en passant ?

Si la colère des travailleurs, des chômeurs, des
populations pauvres partout dans le monde contre les riches
et les gouvernants (qui les protègent avec leurs flics et
leurs militaires, et les aident à être encore plus riches)
s’exprime éternellement dans un cadre étroitement
national, elle n’est pas seulement vouée à l’échec.
Cette colère pourra partout être retournée contre des
bouc-émissaires, les migrants, les étrangers, les Arabes,
les Juifs, les plus pauvres que soi, on peut rallonger la
liste à loisir. Un « anticapitalisme » nationaliste,
franchouillard, du genre « citoyens français avant tout
et les autres peuvent crever », constitue un danger
mortel. Nous pouvons y faire face. Il faut trouver les mots
qui nous soudent, qui parlent au coeur et à la raison.
C’est un défi majeur.

« L’Internationale sera le genre humain » ou
l’humanité va mourir à petits feux dans les quelques
décennies qui viennent, piégée par ses divisions, ses
frontières mentales et étatiques.

Bonne année à toutes et à tous,

José Chatroussat"