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Norman Finkelstein alimente la propagande antisémite la plus grossière en s’appuyant sur des statistiques absurdes !
Article mis en ligne le 22 août 2018
dernière modification le 25 août 2018

Dans un blog récent (https://www.versobooks.com/blogs?post_author=364529 , 21 août 2018) cette icône de l’antisionisme de gauche reprend une vieille antienne antisémite : les Juifs seraient plus riches que les autres et auraient selon lui « trop de pouvoir » en Grande Bretagne comme ailleurs !

Statistiques fantaisistes à l’appui, il écrit ainsi : « Les Juifs ont trop de pouvoir en Grande-Bretagne. Les trois Britanniques les plus riches sont juifs. Les juifs ne représentent que 0,5% de la population mais 20% des 100 Britanniques les plus riches. Par rapport à la population générale et à d’autres groupes ethno-religieux, les Juifs britanniques sont plus riches, mieux instruits et ont une réussite professionnelle exceptionnelle, trois facteurs qui se cumulent de façon disproportionnée. Ces données correspondent à leur situation dans d’autres pays. Les Juifs ne représentent que 2% de la population américaine, mais 30% des 100 Américains les plus riches, alors que les Juifs ont le revenu par ménage le plus élevé parmi les groupes religieux. Les Juifs représentent moins de 0,2% de la population mondiale mais, parmi les 200 personnes les plus riches du monde, 20% sont juifs. »

Les antisémites (et les racistes) ont toujours utilisé de façon idiote les statistiques quand ils ne les tronquaient pas. Aux Etats-Unis, les racistes utilisent le même type de « preuve » statistique pour « démontrer » le caractère criminogène et héréditaire des Afro-Américains en brandissant le pourcentage très élevé de prisonniers noirs dans les prisons, dans le couloir de la mort ou en invoquant le nombre élevé de crimes de sang qu’ils ont commis... ou pour lesquels ils ont été arrêtés.

L’extrême droite française se livre au même exercice à propos des statistiques sur les crimes et délits commis par des personnes d’origine africaine, rom ou maghrébine en France. Ou sur la façon dont les « étrangers » ou les « Français d’origine étrangère » utiliseraient les allocations familiales ou les allocations chômage.

Norman Finkelstein avait déjà tenu ce genre de propos dans une conférence aux Etats-Unis à propos de la situation privilégiée (selon lui) des Juifs aux Etats-Unis. Il passe dans ce texte à une étape supérieure en mobilisant des statistiques absurdes. Il rejoint ainsi, à propos des Juifs, les « raisonnements » que tiennent les fascistes depuis des décennies et aujourd’hui la plus grande partie de l’extrême droite européenne et américaine.

Finkelstein est trop bête pour comprendre que ces statistiques n’ont aucun fondement... car elles supposent plusieurs biais importants qui faussent les chiffres (à condition qu’ils soient exacts) :

1) considérer les juifs comme une race (ce qu’il appelle pudiquement un « groupe ethno-religieux »)...
Si, comme le répètent les antisionistes comme Finkelstein, être juif c’est seulement avoir une pratique religieuse (dans un autre passage il considère seulement les Juifs seulement comme un « groupe religieux », ce qui est incohérent), et qu’il n’existe pas de peuple juif (voire les divagations de Shlomo Sand approuvées par les gauchistes et les incultes) alors ces « statistiques » n’ont aucune valeur, car personne ne peut savoir qui, parmi ces juifs, sont pratiquants ou pas.

De plus on ne peut à la fois prétendre que le peuple juif n’existe pas et en même temps affirmer qu’il s’agit d’un « groupe ethnique » puisqu’une ethnie est un ensemble de personnes qui partagent la même culture, la même langue, les mêmes traditions, les mêmes coutumes, qui se transmettent de génération en génération !

2) se fonder sur le patronyme pour en déduire la judéité d’une personne. Cette démarche est tout aussi erronée puisque le fait d’avoir un « nom juif » n’a pas de signification en soi. Je porte moi-même un nom juif (qui figure à Yad Vashem, mémorial des victimes du judéocide qui se trouve à Jérusalem) alors qu’aucun de mes ascendants n’était juif. De nombreux Juifs (de patronyme, de sensibilité ou de culture) sont des athées ou des agnostiques, et n’ont aucun rapport avec la religion juive.

3) Etablir un lien de cause à effet entre pratique religieuse et réussite sociale.
La réussite sociale (et surtout ici le fait d’appartenir aux « personnes les plus riches du monde ») n’a rien à voir avec les croyances religieuses (réelles ou supposées) des Juifs (réels ou supposés) ou de celles de leurs ascendants... Sauf à croire, comme les antisémites, que les Juifs formeraient un lobby soudé, une caste fermée, une race ou une ethnie organisée autour d’une religion qui monopoliserait les richesses de la planète en raison de ses traits génétiques, culturels, et/ou psychologiques.
Bref sauf à croire en la véracité de Mein Kampf ou du Protocole des Sages de Sion.

Pour venir à la rescousse de Jeremy Corbyn (ce dirigeant travailliste faussement accusé d’antisémitisme par une partie des médias britanniques, la droite du parti travailliste, le parti conservateur et un certain nombre d’associations juives réactionnaires au Royame Uni) Norman Finkelstein aurait pu trouver toute sorte d’arguments intelligents et parfaitement justifiés, du moins pour qui veut soutenir un dirigeant réformiste falot comme Corbyn (par exemple, les trotskistes britanniques de l’AWL défendent Corbyn contre cette calomnie mais ils n’ont nul besoin pour cela de fouiller dans les poubelles antisémites).

Finkelstein était déjà tombé bien bas avec son pitoyable livre L’industrie de l’Holocauste (cf. ci-dessous ) où il prenait la défense des banques suisses présentées comme des « victimes » d’associations juives cupides et de Juifs intéressés uniquement par l’argent. Dans cet opuscule, il ignorait tous les essais, témoignages, films, œuvres d’art et romans sur le judéocide, toutes les réflexions philosophiques et politiques sur sa portée universelle, et réduisait tout cet héritage essentiel pour les combats antiracistes et anticoloniaux à de simples produits d’une machine de propagande « sioniste » et israélo-américaine. Il vient de tomber encore plus bas, ce qui n’est finalement pas étonnant vu la décomposition politique et théorique de la gauche et de l’extrême gauche...

Y.C., Ni patrie ni frontières, 22/8/2018

*** ANNEXES

A propos de Finkelstein
et de la crapuleuse expression « Shoah Business » (20/6/2004)

Le pamphlet de Finkelstein contre ce qu’il appelle le « business » de l’Holocauste est un excellent exemple… de ce qu’il ne faut pas faire. A partir de sa position individuelle de militant (plus exactement de celle de ses parents - en substance : « La vie n’a pas de prix, donc je ne veux pas recevoir un rond d’aucun Etat, fût-ce l’Etat allemand ») il voudrait que tous les proches des rescapés et les rescapés de la Shoah eux-mêmes fassent le même raisonnement. (Dans son second ouvrage sur le même sujet, il livre d’ailleurs une information contradictoire : ces parents auraient bien reçu une indemnité, mais une indemnité ridicule. De là à penser que la violence de son indignation vient de là, il n’y a qu’un pas… que je ne franchirai pas, ne connaissant pas l’auteur. Mais reconnaissons qu’il donne des verges pour se faire battre.)

D’ailleurs, je me souviens d’un documentaire sur Planète qui montrait les débats extrêmement violents qui se déroulaient dans un kibboutz à propos de la visite d’un maire allemand (dont la ville était jumelée avec celle proche du kibboutz), et de la question de l’indemnisation. Le problème était difficile à trancher, mais il faut vraiment être intolérant comme Finkelstein pour mettre tous les Juifs qui ont accepté des indemnisations dans le même panier. Sans compter qu’on apporte encore de l’eau aux moulins des antisémites puisque l’on dénonce des Juifs qui ne seraient intéressés que par l’argent et n’auraient pas de principes moraux.

Toute cette polémique sur les réparations n’a aucun sens. S’il y a des escrocs chez les grands avocats américains, d’accord pour les dénoncer. Mais des escrocs chez les avocats il y en a pas mal et surtout pour des questions beaucoup plus importantes qui touchent au fonctionnement même du capitalisme. Là encore, faudrait peut-être revoir les priorités, si l’on se prétend révolutionnaire. Mais je ne vois pas pourquoi, alors que n’importe quel type victime d’une inondation, d’un cyclone, d’un tremblement de terre (phénomènes naturels, certes, mais où l’imprévision et la corruption des hommes politiques joue un rôle) aurait le droit à demander à l’Etat (donc à tous les contribuables) de lui verser une indemnité, je ne vois donc pas pourquoi donc les Juifs n’auraient pas tiré de l’Etat allemand le maximum, que ce soit pour vivre en Israël ou ailleurs.

Et que les contribuables allemands (ou d’autres pays) paient ne me semble que justice. Sans tomber dans la théorie de la responsabilité collective, il faut quand même bien mettre les gens devant leurs responsabilités. Idem pour les Indiens ou les Noirs d’Amérique, les Roms, les homosexuels assassinés par les nazis, etc. Que je sache, personne ne dénonce les Indiens d’Amérique parce qu’ils réclament des compensations pour le génocide dont ils ont été victimes, même si cela a amené une petite tribu de 1 200 membres, afin de toucher plus d’argent par tête, à exclure aujourd’hui de ses rangs des métis Indiens-Noirs qui en faisaient partie depuis 150 ans ! Pourquoi donc en faire tout un fromage à propos des Juifs ?

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Norman Finkelstein ou le droit à l’ignorance (27/01/2009)

Norman Finkelstein, auteur du calamiteux ouvrage intitulé « L’ Industrie de l’Holocauste », s’est rendu au Liban pour rencontrer le Hezbollah le 20 janvier 2009.Retour ligne automatique
Voilà ce qu’on peut lire à ce propos sur son site : « J’ai été content de rencontrer les gens du Hezbollah parce que l’on entend rarement leur point de vue aux Etats-Unis. Je n’ai pas de problème à dire que je veux exprimer ma solidarité avec eux, et je ne vais être ni un lâche ni un hypocrite à ce propos. Je ne m’intéresse pas au Hezbollah en tant qu’organisation politique. Je ne connais pas grand-chose à leur politique, et de toute façon ce n’est pas le problème. Je ne vis pas au Liban. C’est un choix que les Libanais doivent faire : qui veulent-ils avoir comme dirigeants, comme représentants. Mais c’est un principe fondamental. Les gens ont le droit de défendre leurs pays contre des envahisseurs étrangers, et ils ont le droit de défendre leur pays contre des envahisseurs qui détruisent leur pays. »

Etablissant ensuite une comparaison entre la résistance « communiste » (stalinienne, en fait) durant la Seconde Guerre mondiale et le Hamas il poursuit : « Si je dois honorer [les résistants communistes] je dois aussi honorer le Hezbollah. Ils font preuve de courage et de discipline. Je respecte cela. »

Pour lire l’interview en entier on se reportera au site http://www.normanfinkelstein.com/article.php ?pg=11&ar=1489
Finkelstein résume parfaitement ce que pensent la plupart des « antisionistes » : ils ne s’intéressent pas aux organisations politiques qu’ils soutiennent, ils ne s’intéressent pas aux positions que ces organisations défendent. Nous irons plus loin : ils ne s’intéressent pas non plus aux conséquences concrètes de ces positions ni aux actions que mènent ces organisations. Chacun doit s’occuper des problèmes de son pays et tout ira bien. Au nom de ce principe, M. Finkelstein aurait-il soutenu le gouvernement américain et les gouvernements européens qui justement laissèrent Hitler tranquille parce qu’il avait été choisi par le peuple allemand… Evidemment non !
De nombreux "antisionistes" soutiennent le Hezbollah ou le Hamas religieusement au nom d’un principe : tout peuple doit résister à une armée qui envahit son territoire.

On se demande ce qu’aurait pensé M. Finkelstein des soldats allemands qui luttaient contre les troupes américaines qui « envahissaient » et « détruisaient » leur pays en 1944. Les aurait-il soutenus au nom de ce droit imprescriptible ? Evidemment non

Quant au "courage" des combattants du Hezbollah ou du Hamas il est indéniable quand ils font face aux chars de l’armée israélienne, mais comment peut-on séparer mécaniquement le courage et la discipline de l’objectif politique que l’on poursuit et de l’idéologie que l’on défend ? (Rappelons que la Charte du Hamas est un texte antisémite qui rend "les Juifs" responsables des différents conflits mondiaux, du communisme, du matérialisme, de l’athéisme, etc. (1))

De plus, cet argument ne peut que l’amener sur un terrain glissant : Finkelstein loue-t-il le "courage" de ceux qui pratiquent les attentats suicides visant les civils israéliens et les "respecte"-t-il ?

Néanmoins, avec les justifications absurdes et les raisonnements bricolés qu’il avance, on comprend mieux pourquoi ce distingué « antisioniste » qui cultive le droit à l’ignorance reproduit des montages photographiques sur son site comparant systématiquement la barbarie nazie et la barbarie de Tsahal.

Il ne s’intéresse ni aux faits, ni au contexte, ni aux différences entre les situations et les programmes politiques, il mène une campagne qui repose uniquement sur l’indignation et la colère contre les crimes de guerre d’un seul camp.Retour ligne automatique
Une telle attitude ne peut aboutir qu’à souder les Israéliens à « leur » gouvernement et empêcher toute solidarité au-delà des frontières, puisque, si les Israéliens devaient suivre le "principe" de Finkelstein ils devraient eux aussi se sentir agressés chaque fois qu’ils reçoivent des roquettes sur leurs maisons ou que les partisans du Hamas ou du Djihad islamique se font sauter au milieu d’une foule…

Où l’on voit que "l’antisionisme" ne fait le plus souvent que fournir des arguments aux nationalismes mortifères qui s’affrontent au Proche et au Moyen-Orient.

1. Sur son site Finkelstein reproduit une déclaration d’un certain MOUSA ABU MARZOOK membre du bureau politique du Hamas. Sous le titre "une déclaration raisonable" ("a reasonable statement" ce sont les mots de Finkelstein), Marzook déclare : "En ce qui concerne la Charte de 1988, si tout Etat ou mouvement devait être jugé seulement sur ses documents de fondation, ses proclamations révolutionnaires, ou les idées de ses fondateurs, il y aurait bien des critiques à faire de tous les côtés."

C’est ce qui s’appelle botter en touche, ce qui est normal pour le Hamas. Mais ce qui l’est moins c’est que des antisionistes cautionnent ce type de pirouette, surtout venant d’un mouvement qui se réclame de Allah, de Mahomet, et considère toute la Palestine comme une terre sainte. Comparer un mouvement qui se réclame du Coran (dicté en principe par Dieu) avec les gouvernements américains qui se réclament d’une Constitution du XVIIIe siècle, comme le fait Abu Marzook, est presque un... blasphème !!!

D’ailleurs, ce n’est pas la branche armée du Hamas (les Brigades Ezzdine al Qassam, créées en 1991) qui nous contredira : en effet, elle considère que son objectif est de « contribuer à l’effort de libérer la Palestine et de restaurer les droits du peuple palestinien en s’inspirant des enseignements islamiques sacrés du Saint Coran, de la Sunna (des traditions) du Prophète Mohammed (que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) et les traditions des dirigeants et des savants musulmans connus pour leur piété et leur dévouement ».

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