L’article ci-dessous a été publié dans La Revue Nouvelle (mai 2002) et se trouve également sur le site de RésistanceS (www.resistances.be). Nous remercions l’auteur de nous avoir autorisés à le reproduire dans Ni patrie ni frontières.
La technique de diabolisation du leader ennemis est efficace et continuera sans doute longtemps à être appliquée. Il faut au lecteur et au citoyen des « bons » et des « mauvais », clairement identifiés, et le plus simpliste actuellement est de traiter l’affreux de service de « nouveau Hitler ».
« Sionisme = nazisme », « Les connexions arabo-nazies », « Gaza, c’est le ghetto de Varsovie », « Les pogroms antisémites sont de retour »… Pour décrire le conflit israélo-palestinien, un vocabulaire de la Deuxième guerre mondiale semble être ressorti des oubliettes de l’Histoire. Entraînant, dans la foulée, une banalisation des crimes hitlériens. Les mots sont aussi des armes au service de la propagande. Attention à cette intoxication idéologique : elle peut vous entraîner sur une pente savonneuse, en direction d’un cul-de-sac de l’esprit. De terribles maux traversent actuellement le monde. Ces maux sont inquiétants et profondément ancrés dans des conflits inextricables. Les guerres du moment se font avec diverses armes. Classiques ou super-sophistiquées. Dans l’inventaire de l’armement utilisé en cas de zizanie meurtrière, on retrouve aussi, à chaque crise, un autre type d’arme : les mots. Certes, les mots ne servent pas directement à tuer. Ils alimentent seulement la propagande de guerre des forces belliqueuses en présence. Ils galvanisent seulement les tueurs en série. Ils se greffent seulement, ici et là, sur les récits et les arguments pour détourner de manière partisane les débats publics au sujet de ces drames humains.