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Ni patrie ni frontières
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Manuel Abramowicz : La guerre des mots, le retour des nazis ?
Article mis en ligne le 29 avril 2017

L’arti­cle ci-des­sous a été publié dans La Revue Nouvelle (mai 2002) et se trouve éga­lement sur le site de RésistanceS (www.resis­tan­ces.be). Nous remer­cions l’auteur de nous avoir auto­risés à le repro­duire dans Ni patrie ni fron­tières.

La tech­ni­que de dia­bo­li­sa­tion du leader enne­mis est effi­cace et conti­nuera sans doute long­temps à être appli­quée. Il faut au lec­teur et au citoyen des « bons » et des « mau­vais », clai­re­ment iden­ti­fiés, et le plus sim­pliste actuel­le­ment est de trai­ter l’affreux de ser­vice de « nou­veau Hitler ».

« Sionisme = nazisme », « Les connexions arabo-nazies », « Gaza, c’est le ghetto de Varsovie », « Les pogroms antisé­mites sont de retour »… Pour déc­rire le conflit israélo-pales­ti­nien, un voca­bu­laire de la Deuxième guerre mon­diale semble être res­sorti des oubliet­tes de l’Histoire. Entraînant, dans la foulée, une bana­li­sa­tion des crimes hitlériens. Les mots sont aussi des armes au ser­vice de la pro­pa­gande. Attention à cette intoxi­ca­tion idéo­lo­gique : elle peut vous entraîner sur une pente savon­neuse, en direc­tion d’un cul-de-sac de l’esprit. De ter­ri­bles maux tra­ver­sent actuel­le­ment le monde. Ces maux sont inquiétants et pro­fondément ancrés dans des conflits inex­tri­ca­bles. Les guer­res du moment se font avec diver­ses armes. Classiques ou super-sophis­ti­quées. Dans l’inven­taire de l’arme­ment uti­lisé en cas de ziza­nie meur­trière, on retrouve aussi, à chaque crise, un autre type d’arme : les mots. Certes, les mots ne ser­vent pas direc­te­ment à tuer. Ils ali­men­tent seu­le­ment la pro­pa­gande de guerre des forces bel­li­queu­ses en prés­ence. Ils gal­va­ni­sent seu­le­ment les tueurs en série. Ils se gref­fent seu­le­ment, ici et là, sur les récits et les argu­ments pour déto­urner de manière par­ti­sane les débats publics au sujet de ces drames humains.