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A propos de la police de proximité (2005)

Lutte ouvrière a pris une position très ambiguë sur la nécessité d’une police municipale efficace (…). Quand des révolutionnaires (ici LO) commencent à se placer sur le terrain glissant du maintien de l’ordre, ils oublient toujours quel est leur rôle essentiel : organiser lo-calement les habitants pour résister à la violence policière aussi bien qu’à la présence des gangs. Il est évidemment absurde aujourd’hui de parler de « milices ouvrières », non seulement parce que nous ne sommes pas dans une situation pré-révolutionnaire ni révolutionnaire, mais surtout parce que parler de « milices ouvrières » dans des quartiers où il y a jusqu’à 50% de chômeurs et très peu d’usines se-rait ridicule !

Article mis en ligne le 21 mai 2017

Mais ce n’est pas pour autant une raison pour « hurler avec les loups » en défendant des positions ambiguës sur la police. Evidemment ce serait merveilleux si tous les flics étaient gentils, polis, serviables, ni racistes, ni misogynes, s’ils aidaient les vieilles dames et les petits enfants à traverser la rue, et s’ils résolvaient tous les conflits de voisinage avec le sourire et en déployant des trésors de patience et de diplomatie. Mais est-ce très réa-liste ?

On peut aussi croire qu’il vaudrait mieux avoir des flics nés dans le quartier et issus de la même « communauté ethnique » que soi, mais c’est une arme à double tranchant. Avoir des copains flics suppose d’agir, plus ou moins à son corps défendant, comme informateur, y compris sur des questions qui n’ont rien à voir avec des crimes de sang : par exemple sur la « moralité », les opinions politiques ou syndicales, les fréquentations amoureuses, etc. De plus, un flic d’origine africaine ou d’origine maghré-bine peut très bien faire du zèle et persécuter ceux de sa prétendue « race » pour montrer sa bonne volonté et son indépendance. Aux Etats-Unis, haut-lieu de la « discrimination positive, la hiérarchie est obligée de donner des cours spéciaux aux policiers noirs pour qu’ils arrêtent de harceler... tous les Noirs qu’ils rencontrent dans la rue ! Sans compter un dernier point : la police est une structure hiérarchique, comme l’armée ou l’administration de l’Etat. Sous l’uniforme, un policier, quelles que soient ses origines, ses convictions religieuses et politiques, est avant tout un serviteur de l’autorité et de l’ordre.

C’est donc une illusion de croire qu’il serait possible d’avoir une « bonne » police soucieuse de défendre les « citoyens ». En dehors de la so-lidarité active entre les habitants, à travers des associations, des organisa-tions politiques indépendantes du pouvoir central comme du pouvoir local et de la police, il n’y a pas d’autre solution pour se défendre contre tous les abus.

Il vaut mille fois mieux que des habitants s’organisent pour discuter avec des jeunes qui veulent brûler une école, les convaincre de ne pas se livrer à cet acte autodestructeur, plutôt qu’ils appellent les flics pour faire le boulot. D’ailleurs, le vigile de Clichy-sous-Bois qui a appelé les flics parce qu’il avait aperçu des jeunes « suspects » près du chantier et du local EDF l’a lui-même très bien compris lorsqu’il a déclaré en substance : « Si je n’avais pas appelé la police, les jeunes seraient rentrés chez eux dans la cité, car ils n’auraient pas été poursuivis par la police, n’auraient pas pris peur et n’auraient pas cherché à se planquer dans un endroit dangereux. » Ils ne seraient donc pas morts...
Y.C., novembre 2005