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Joao Bernardo : Malthus, théoricien de la croissance économique

Malthus méritait une meilleure postérité.
Robert Malthus est toujours cité par les défenseurs des limites de la croissance, mais le fait qu’il ait totalement inversé sa position constitue le premier grand démenti opposé à la théorie de l’épuisement de la nature, démenti infligé par son inventeur même.

Article mis en ligne le 20 mai 2017
dernière modification le 22 mai 2017

1.

Estimé par certains et détesté par d’autres, Malthus s’est fait connaître comme l’auteur de l’Essai sur le principe de population , ouvrage dont la première édition date de 1798. Généralement, on se souvient uniquement de sa thèse centrale selon laquelle la population tend à croître dans le cadre d’une progression géométrique tandis que la production agricole a tendance à croître selon une progression arithmétique. Malthus mérite mieux que cette caricature.

Tout d’abord parce qu’il fut le premier professeur d’économie en Angleterre, et que peu d’individus peuvent se vanter d’avoir initié une discipline scientifique dans leur pays. En outre, Malthus enseigna l’économie au Collège de la Compagnie des Indes orientales, institution destinée à former les employés de cette entreprise. Cette société occupait une place de premier rang à l’époque, parce qu’elle fut, avant les grandes transnationales contemporaines, la plus pure expression de la souveraineté de l’entreprise. D’autre part, la Compagnie des Indes participa à la genèse de la formation de la fonction publique moderne dans les pays anglo-saxons, inspirant des réformes administratives en Grande-Bretagne puis aux États-Unis.

De plus, si les prévisions contenues dans la thèse de Malthus connurent un échec retentissant, sa théorie elle-même n’était pas entièrement dépourvue de justification. Dans les conditions démographiques de l’époque, émettre l’hypothèse que la population allait se multiplier de façon géométrique et doubler tous les vingt-cinq ans avait une certaine base réaliste ; en outre, lorsque l’Essai sur le principe de population fut publié, la population européenne comptait environ 150 millions d’habitants et la population mondiale 750 millions, chiffre quasiment équivalent à celui de la population européenne actuelle, alors que la population mondiale dépasse maintenant les 7 milliards. Le plus grand échec de l’Essai sur le principe de population fut de supposer que la production alimentaire aurait tendance à suivre une progression arithmétique simple, ce qui n’avait pas de fondement empirique valable. Et comme, dans la réalité, l’augmentation de la production agricole dépassa de beaucoup la croissance démographique, la relation entre les deux tendances ne correspondit pas aux prévisions de Malthus.

Texte extrait de "Contre l’écologie" recueil d’articles de Joao Bernardo traduit et publié par NPNF. Prix : 12 euros