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Joao Bernardo : Georgescu Roegen et la décroissance

La formule de Boltzmann pour le second principe de la thermodynamique démolit complètement l’hypothèse selon laquelle il existerait des limites naturelles à la croissance économique.

Article mis en ligne le 15 mai 2017
dernière modification le 22 mai 2017

Les écologistes ont recours à un argument apparemment réaliste, selon lequel les ressources naturelles seraient limitées et que plus on puise dans le sac, plus rapidement il se vide.

L’idée selon laquelle les ressources naturelles seraient limitées doit être analysée de manière critique sous divers aspects, mais il convient tout d’abord de noter que, sur le plan méthodologique, cette conception fait penser à un chat qui se cacherait sous un lit mais dont on verrait dépasser la queue.
Face à la pression des écologistes et au buzz dans les médias, les grandes entreprises ont décidé de montrer que leur gestion des ressources naturelles n’affecte pas le renouvellement de celles-ci. Par ailleurs, elles ont profité de ces mouvements dans l’opinion publique pour soumettre leurs salariés à des contrôles plus stricts et priver leurs clients de services auparavant inclus dans le prix. Voilà encore un cas où les pressions du mouvement écologiste ont provoqué l’augmentation des profits pour le capital, comme je l’analyserai dans le dernier article de cette série. Cependant, dans la perspective qui m’occupe ici, cet effet est secondaire. Il me faut souligner l’essentiel, c’est-à-dire que les grandes entreprises ont réussi à montrer qu’elles peuvent étendre leurs activités et offrir une plus grande abondance de biens sans pour cela épuiser les ressources naturelles. Ce qui leur a permis ensuite de proclamer qu’elles étaient favorables à une croissance durable.

Cependant, les écologistes ne se sont pas contentés de cette proclamation de durabilité. Ils ont lancé leur mouvement afin de limiter la consommation, baisser le niveau de vie et freiner la croissance économique. Ils ne peuvent accepter que leurs propres arguments soient utilisés pour défendre la continuité de la croissance. C’est là que la queue du chat qui dépasse, ici comme dans d’autres cas, révèle la raison pratique d’une idéologie. Pour les écologistes, l’essentiel est d’arrêter, voire même d’inverser, la marche du progrès économique, avec les conséquences que cela entraînerait en termes de surexploitation de la force de travail. Et lorsque les entreprises prouvent, avec des arguments écologistes, que la croissance est possible, ils méprisent ces arguments, considèrent qu’ils sont falsifiés ou décrètent qu’ils ne correspondent pas à la véritable écologie. Pourquoi ?

Parce que seul ce qui limite la consommation et la croissance correspond à la véritable écologie. Rien ne peut mieux montrer les objectifs pratiques des écologistes que leur opposition à une croissance durable. Cependant, ces arguments, de type épistémologique, sont formulés au niveau des déductions intellectuelles, alors que la vie et la mort affectent le niveau des événements réels.