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Radio Courtoisie ou Radio Sarkozy ? (2007)

Lors d’une émission diffusée le mercredi 27 juin 2007 sur cette radio rassemblant cathos intégristes, fans du Front national, nostalgiques de la monarchie et de l’Empire colonial français, amoureux de l’armée et de la police, mais aussi quelques intellectuels défenseurs de la francophonie ou romanciers en quête de lecteurs, un journaliste et rédacteur en chef du Figaro, Bertrand de Saint-Vincent, auteur d’un livre sur Sarkozy (Le roman de la victoire), ainsi que le présentateur ont expliqué aux auditeurs très remontés contre le nouveau président [ce traître qui va « prendre ses ordres à New York (1) » (sic)], qu’ « une partie de l’avenir du gouvernement se jouerait dans la rue ».

Article mis en ligne le 24 mai 2017
dernière modification le 5 mai 2017

Les deux journalistes ont salué les mesures annoncées concernant le « service minimum » dans les transports, le préavis de grève, le vote à bulletins secrets au bout de 8 jours, le non-paiement des jours de grève, etc. Ils ont seulement marqué leurs réticences par rapport au mini-traité européen qui « bafoue le vote de la France » en 2005.
Néanmoins, le journaliste du Figaro a doctement sermonné les auditeurs : plutôt que de critiquer Sarkozy, ils feraient mieux de le soutenir et d’être demain prêts à descendre dans la rue pour défendre la droite face aux « petites minorités » qui ne manqueront pas de « semer l’agitation ».
Un vrai programme de guerre civile.
Notons aussi que l’animateur de Radio Courtoisie (judéophobie oblige) a exprimé la crainte que Sarkozy soit trop pro-israélien. On aura compris que cette radio, vu les lois contre l’antisémitisme, ne peut pas évoquer ouvertement les « origines juives » de Sarkozy ni le « complot juif mondial », deux thèmes récurrents dans ces milieux cathos traditionalistes, lepénistes et dans l’extrême droite « antisioniste ». Il en a profité pour réitérer son soutien aux Palestiniens et à Arafat (1).
Aussi s’est-il rabattu sur une autre technique d’intoxication. Il a évoqué, au conditionnel, le fait que le CRIF serait intervenu pour empêcher la nomination d’Hubert Védrine, « homme de grande expérience et d’un grand savoir-faire » (resic), puis, après avoir lancé ce bobard concernant le CRIF, il s’est repris en disant hypocritement qu’il n’en avait aucune preuve et que cette assertion n’était sans doute pas fondée. Et pour cause…
Comment disait l’un de ses maîtres à penser, déjà ? « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose » ? ou « Plus le mensonge est gros, plus il a de chances de passer » ?
Et pour clore l’émission, le présentateur de Radio Courtoisie et le père Lelong (2) venu présenter ses Mémoires nous ont raconté, sans rire, une dernière bonne blague « antisioniste » : le Hamas reconnaîtra Israël le jour où Israël le reconnaîtra – ainsi que la Palestine.
Ben voyons ! Décidément Sarkozy a des soutiens bien encombrants.

Y.C.

1. Où l’on constate encore une fois la convergence entre certains arguments de l’extrême gauche et de l’extrême droite. A méditer…
2. Le même père Lelong qui a prononcé l’homélie funèbre sur la tombe de Maurice Papon… et défendu l’abbé Pierre quand il a déclaré : « A Auschwitz, on a inscrit sur une plaque qu’il y avait eu quatre millions de morts. Puisqu’on en est revenu aujourd’hui à un million, c’est que le chiffre de quatre millions était exagéré », pour défendre son pote négationniste Garaudy.

« Valeurs », flics et sociologues

La bataille sur les « valeurs » (1) n’est-elle pas le remake d’un retour au débat idéologique qui avait soi-disant disparu avec la prétendue fin des idéologies ? Cette bataille sur les « valeurs » n’est-elle pas menée par la droite de façon prioritaire par rapport aux questions sociales (facilités fiscales pour permettre notamment l’accès à la propriété, l’accès à des mutuelles et des retraites privées, baisse du chômage, hausse du pouvoir d’achat et autres questions économiques chiffrables) ?
Dans un sondage organisé par le CEVIPOF et publié dans Le Monde du 8 juin 2007 on voit que la notion de « valeurs » est extensible. Exemple : « L’Ecole devrait-elle donner avant tout le sens de la discipline et de l’effort ? Y a-t-il trop d’immigrés en France ? Les salariés qui veulent travailler plus de 35 h devraient-ils pouvoir le faire ? Faudrait-il limiter le droit de grève dans les transports publics ? Faudrait-il réduire le nombre des fonctionnaires ? Pour rétablir la justice sociale faudrait-il prendre aux riches pour donner aux pauvres ? »
Le CEVIPOF est un centre qui dépend de Sciences Po mais ce sondage a été commandé conjointement avec le ministère de l’Intérieur et réalisé par l’IFOP.
Difficile d’imaginer meilleure coopération entre les spécialistes des sciences sociales, les flics et le parti au pouvoir !
C.B.

1. On remarquera aussi que la notion de « valeurs », employée à gauche comme à droite, tranche avec celle, plus claire et plus solide, de principes politiques. Une valeur est soumise aux lois du marché de l’opinion, elle s’apprécie, se déprécie, change de contenu selon les besoins des politiciens et les réactions, positives ou négatives, des sondages. Bref, c’est un produit publicitaire insipide.