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Burkini et prétendues « crispations réciproques » : Quand Le Monde raconte n’importe quoi

La droite, l’extrême droite et une partie de la gauche, Manuel Valls en tête, veulent nous faire croire que le port d’une tenue vestimentaire ridicule par quelques intégristes, ou provocatrices, musulmanes constituerait un problème politique fondamental qui mériterait des arrêtés municipaux, des procès, des amendes et autres gesticulations politiciennes au sous-texte xénophobe, discriminatoire et raciste.

Article mis en ligne le 4 mai 2017

Il est évident que le burkini, comme le hidjab, ou d’autres tenues religieuses (le voile des bonnes sœurs, la soutane des prêtres, la robe de bure des moines, la kippa des juifs, le turban des sikhs, etc.) sont des symboles identitaires, et comme presque tous les symboles identitaires, ils ont une tonalité réactionnaire.
Réactionnaires pourquoi ? Parce que toutes les religions et les philosophies « religieuses » (bouddhismes, confucianisme, etc.) sont réactionnaires. Il n’y en a pas une qui soit plus (ou moins) digne de respect qu’une autre, à commencer par la religion catholique culturellement dominante en France même si l’Eglise est en perte de vitesse. Nous devons respecter les individus croyants MAIS nous n’avons aucune raison de respecter les diverses formes d’obscurantisme religieux qu’ils défendent.
Le journal Le Monde a pondu hier un éditorial hypocrite (http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/08/20/le-burkini-de-la-discorde_4985415_3232.html) où il renvoie dos-à-dos la poignée de musulmanes qui portent le burkini en France et les crétins qui veulent son interdiction, en évoquant des « crispations réciproques »...
Entre une majorité catholique, agnostique ou athée et une infime partie de la population musulmane féminine qui veut porter des signes religieux réactionnaires, il n’y a aucun trait d’égalité, aucune « réciprocité », aucune comparaison rationnelle envisageable.

Les signes religieux musulmans ne sont pas plus « ostentatoires » et choquants aux yeux d’un individu rationaliste et épris de liberté que les autres, n’en déplaise aux législateurs gaulois.
Quant au « féminisme » qui est invoqué pour interdire le burkini, on sait bien que ce mot ne veut pas dire grand-chose tant que l’on ne précise pas son contenu. Les personnes violemment hostiles au mariage des homosexuels, à l’adoption par des lesbiennes, sont aussi celles qui défendent la morale chrétienne la plus rétrograde, sont hostiles à l’avortement et à la contraception libres et gratuits, au fait que les femmes travaillent, etc. On ne peut que douter de leur souci soudain de défendre les droits des femmes.... Pour ne pas parler du « féminisme » imaginaire de politiciens d’extrême droite comme Geert Wilders ou Marine Le Pen.

Malgré toutes les limites de cette expression (cf. Sacha Ismail, « Qu’est-ce que le racisme antimusulmans ? » NPNF n° 44-45, 2014) ce qui se manifeste en ce moment en France, c’est bien le racisme antimusulmans, que subit une minorité de la population étrangère et française (rappelons qu’environ 4 000 personnes se convertissent à l’islam chaque année, et entre 4 000 à 7000 au christianisme, surtout aux courants évangélistes ; donc même si les conversions renforcent davantage les chrétiens que les musulmans, n’en déplaise à Houellebecq, les musulmans se renforcent très lentement pour le moment au sein de la population franco-française).
Les « musulmans » sont clairement un enjeu électoral en France, pays qui s’est toujours caractérisé depuis le XIXe siècle par des législations xénophobes et hostiles au droit d’asile, et qui a toujours pratiqué le fichage et le flicage des étrangers, la discrimination, y compris religieuse, dans ses colonies et territoires d’outre-mer. Ce ne sont pas les récents attentats meurtriers commis par des djihadistes qui auraient tout à coup fait surgir d’une société harmonieuse et tolérante jusqu’alors un racisme et des discriminations systémiques qui sont bien antérieurs, n’en déplaise à l’éditorialiste du Monde qui joue les Ponce Pilate.

Certes, il ne s’agit pas de défendre un signe religieux réactionnaire, le burkini, mais simplement de dénoncer la campagne politique menée par la droite et une partie de la gauche, campagne qui occulte les vrais problèmes des exploités et des exploitées en France aujourd’hui.

Le racisme, sous toutes ses formes, est le problème et la responsabilité de la majorité des « Français » titulaires d’une carte d’identité, électeurs du Front national, des Républicains ou des partis de la gauche xénophobe, pas celui d’une minorité obscurantiste de croyantes et de croyants. C’est contre ce racisme des dominants qu’il faut lutter, et de ces causes économiques, sociales et culturelles profondes qu’il faut discuter, pas de « tenues de plage » ou « tenues de ville » portées par telle ou telle minorité religieuse !

Y.C., 21/08/2016