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Ni patrie ni frontières
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56-57 : Sommaire
Article mis en ligne le 29 avril 2017
dernière modification le 30 avril 2017

* n° 56-57

La première partie de ce numéro essaie d’aborder les enjeux de la loi El Khomri » et de la situer dans un contexte plus général que celui de l’actualité immédiate ; de cerner l’idéologie citoyenniste sous-jacente aux « Nuits debout » ; et de poser la question de l’attitude à adopter face aux flics et aux « violences policières » (expression redondante, puisque les actions des agents salariés du maintien de l’ordre sont soutenues par les lois, la Constitution, l’Etat et les partis, tous « démocratiques »). Plusieurs textes dressent des bilans du (ou des) « mouvements » ( ?) du printemps 2016, certains auteurs étant plus réalistes, voire pessimistes, d’autres d’un optimisme très exagéré – à mon humble avis, mais l’avenir nous dira si ces « mouvements » laisseront des traces durables... ou pas.

La seconde partie revient sur des thèmes déjà abordés dans les deux livraisons précédentes de cette revue le numéro 52/53 (Premiers questionnements sur les causes immédiates et lointaines des massacres du 13 novembre 2015) et le numéro 54/55 (Nostalgies et manip’ identitaires), notamment du rôle (ou de l’absence supposée de rôle) politico-social de l’islam. Les textes présentés ici reprennent des débats que cette question a suscités dans les milieux militants mais aussi chez certains intellectuels qui, en l’absence de toute réflexion autonome et originale menée par la « gauche radicale » et le mouvement anarchiste, servent de références incontournables à ces courants qui se prétendent « anticapitalistes ».

Les textes sont (pour l’essentiel) extraits de contributions individuelles ou collectives reproduites sur les sites, publications ou blogs suivants : Avariance, Camarade, Anarchosyndicalisme ! (CNT-AIT), Lutte de classe (LO), Mouvement communiste, Non Fides, Patsy et Temps critiques et offrent un éventail assez large de positions. Celles-ci sont loin d’être identiques ou toujours convergentes, suivant le parti-pris adopté par cette revue depuis 2002. L’objectif étant faire dialoguer entre eux les articles sur des thèmes communs dans la mesure où les militantes et les militants échangent rarement autre chose entre eux que des invectives, puisqu’ils préfèrent rester enfermés dans leurs minuscules tours d’ivoire respectives, derrière leurs murailles de certitudes « marxistes », « anarchistes », « insurrectionalistes », etc. En cette période d’absence cruelle de réflexions stratégiques nouvelles, le minimum que l’on puisse faire c’est au moins de prendre connaissance des positions en présence parmi celles et ceux qui veulent réellement, en dehors des jeux politiciens de la gauche, ou de la « gauche de la gauche », mettre fin à la domination du Capital et de l’Etat.

I. LOI-TRAVAIL ET NUIT DEBOUT

Mouvement communiste : Loi El Khomri dite Loi Travail : contre le dilemme « pour », avec aggravation de la précarité et de la soumission à l’entreprise, ou « contre », avec maintien de la situation actuelle 3

Camarade : Top 5 des mesures pour museler le syndicalisme 6

Camarade : Faut-il renforcer les syndicats « qui transforment n’importe quel manif en fête de village » (Orelsan) ? 9

NPNF : Nuits debout et citoyennisme : attraction fatale ! 11

NPNF : Nuits debout ou pensée couchée ? Un bouffon (Alain Finkielkraut) se fait jeter de la place de la République mais un autre (Yanis Varoufakis) est chaleureusement accueilli avant d’aller rencontrer son ami Macron 14

Mouvement communiste : Couchés le jour, debout la nuit 17

Dialogue avec Pierre Sommermeyer autour des « Nuits debout » 24

Lutte ouvrière : Le mouvement contre la loi travail 35

Temps critiques : Un printemps en France ? Projet de loi-Travail et Nuit debout 45

Julius : Le fantôme de Deleuze place de la République 71

Patsy : Violence des uns, violence des autres 81

Quelques anarchistes : Solidarité avec les inculpés de l’incendie d’une bagnole de flics à Paris 87

Des sauvages : Non vraiment, t’aimes les flics ?!! [2014] 90

Temps critiques : Projet de loi-travail et convergences des luttes : un malentendu ? 92

J.L. : Ceci n’est pas une insurrection 95

Communiqué des piquets volants suite à l’occupation de la voie ferrée d’Anduze-Saint-Jean-du-Gard 98

Mouvement communiste : Contre la vulgate conceptuelle du « mouvement » de 2016 en France 100

Nicole Thé et G. Soriano : Printemps 2016. Un mouvement inattendu 113

Freddy Gomez, Le balancier de l’illusoire. Notes éparses sur un printemps confus 127

II. RETOURS SUR LES ATTENTATS DE 2015 135

Des attentats du 7 janvier à ceux du 13 novembre 2015 137

Jacques Wajnsztejn : Au fil de quelques lectures : islamisme, fascisme, choc des civilisations, religions… 156

Flora Grimm et Alexandra Pinot-Noir : Sur l’idéologie anti-islamophobe 172

CNT-AIT : L’islamophobie, une invention du colonialisme français, 179

Blaise, Arnold, Nico, la crémière et les autres : Avariance et diverdissements. Remarques au sujet d’un texte trouvé sur le site de propagande « lundi matin », 184

*****

Ni patrie ni frontières, n° 56-57, juillet 2016, « « Mouvements » contre la loi El-Khomri et « Nuit debout » : mythes… et réalités / Retour sur les attentats de novembre 2015 et leurs interprétations », 10 €.

Moins épais que les deux précédents numéros doubles, cette livraison de Ni patrie ni frontières se centre pour l’essentiel sur le mouvement social de ce printemps 2016. Mouvement communiste, après avoir relativisé le changement incarné par cette fameuse loi travail, face à une situation de toute façon déjà révoltante, s’intéresse à Nuit debout, incarnation selon eux d’une politique bourgeoise de gauche, et ennemi des vraies luttes ouvrières. Un autre article de Mouvement communiste est une critique acérée du mou-vement contre la loi travail, qu’il considère comme quantitativement mino-ritaire, la grève générale ayant ici servi avant tout d’enterrement de la lutte (rappelant le précédent de mai 68), et ne peut remplacer le moment insur-rectionnel. Les rappels historiques invoqués ont toutefois tendance à écra-ser sans nuance le présent. Les critiques vis-à-vis de Nuit debout sont d’ailleurs nombreuses dans plusieurs des textes sélectionnés : Lutte ou-vrière y voit une « petite bourgeoisie intellectuelle » à l’œuvre, marquée par un « apolitisme naïf » ; Yves Coleman lit ce mouvement comme une nouvelle forme de « citoyennisme », ne cherchant pas à lutter contre le ca-pitalisme (il insiste sur l’accueil de Varoufakis, pourtant pro capitaliste) ; Julius, pour sa part, voit dans les réflexions de Deleuze et Guattari une ins-piration majeure de Nuit debout (« En réalité, le deleuzisme n’a jamais eu le moindre caractère subversif. », p. 78).

L’analyse de Temps critiques est plus fine. Le collectif met en valeur la dissociation, au sein du mouvement contre la loi travail, entre jeunes et syndicats de salariés, et replace cette offensive gouvernementale dans le cadre plus global d’une évolution du capitalisme allant vers la fin du sala-riat (ce qui ne s’apparente pas à un retour au capitalisme sauvage du XIXe) ; la répression de l’État dans le cadre de l’état d’urgence est égale-ment relativisée, l’arsenal législatif utilisé étant habituel à la Ve Répu-blique, seulement renforcé par l’usage des nouvelles technologies. Sur Nuit debout, Temps critiques pointe ses limites : des affirmations très générales et un éparpillement des combats, une forme de sécession visant à changer le monde sans prendre le pouvoir, une positivité générale s’accompagnant d’une forme d’individualisme intéressé (le slogan « On vaut mieux que ça »). Nicole Thé et G. Soriano se veulent plus positifs sur Nuit debout : « La naïveté politique de la jeune génération engagée dans le mouvement n’est d’ailleurs pas en soi une faiblesse, quoi qu’en disent les groupes d’ultragauche ou les post-autonomes. Elle la pousse en effet à prendre le pouvoir au pied de la lettre, prenant ainsi la mesure de son hypocrisie. Il y a là un facteur de maturation politique à ne pas sous-estimer. » (p. 119) ; de même, ils pensent que les mobilisations contre la loi travail augurent de lendemains encore plus combatifs, à l’instar de Freddy Gomez dans la con-clusion de « Le balancier de l’illusoire ». Un échange entre Yves Coleman et Pierre Sommermeyer, de la revue Réfractions, permet de découvrir que ce dernier, pessimiste sur la révolution à venir, voit tout de même dans Nuit debout la possible émergence d’un nouveau sujet révolutionnaire, encore en gestation… Quelques textes abordent enfin la question de la violence : Patsy pour défendre son usage en s’appuyant sur l’histoire des luttes et des conquêtes sociales, et des anarchistes en prenant la défense des inculpés dans l’affaire ultra médiatisée (image passant en boucle dans tous les JT, plusieurs jours de suite) de la voiture de police incendiée sur un quai de la Seine (en négligeant selon nous le contexte général autorisant ou non une telle violence).

Le mini dossier sur les attentats de novembre et leur analyse s’ouvre avec les réponses d’Yves Coleman et Jacques Wajnsztejn (de Temps cri-tiques) à quelques questions de la revue allemande Phase 2. On en retien-dra spécialement le refus, par le second interviewé, de la caractérisation de fascisme islamiste, et sa critique des indulgences coupables manifestées à l’égard des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 par le Comité invi-sible et Jean-Marc Rouillan. Jacques Wajnsztejn y propose également une vision synthétique de la gauche radicale actuelle : « (…) d’un côté, ceux qui conservent comme référence principale le fil rouge des luttes de classes et le féminisme originel et, de l’autre, ceux qui s’intéressent prioritairement à ce que nous, à Temps critiques, appelons les particularismes radicaux. » (p. 142). Flora Grimm et Alexandra Pinot-Noir, possiblement communistes libertaires, dans « Sur l’idéologie anti-islamophobe », perçoivent dans l’islamophilie de certains à l’extrême gauche une suite de la logique tiers-mondiste (« Le tiers-mondisme a ainsi abandonné petit à petit le prolétariat comme sujet révolutionnaire pour lui substituer le colonisé, puis l’immigré, puis les descendants d’immigrés… et enfin les croyants. », p. 173). Un ar-ticle repris de Anarchosyndicalisme ! effectue un utile retour sur l’histoire du terme islamophobie, en retraçant sa genèse : Louis Quillien, son inven-teur, avait ainsi écrit un ouvrage peu de temps avant la Première Guerre mondiale, dans lequel il voyait en l’islam un appui pour la colonisation car moyen de mettre les « nègres » au travail (d’où sa critique des critiques de l’islam). Enfin, un texte collectif s’en prend de manière cinglante, quoique un peu trop allusive, au Comité invisible et à un de ses articles (« La guerre véritable »).


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