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Ni patrie ni frontières
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30-31-32 Sommaire
Article mis en ligne le 29 avril 2017
dernière modification le 30 avril 2017

Ni patrie ni frontières n° 30-31-32 Travailleurs contre bureaucrates
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Conformément à l’orientation de la revue Ni patrie ni frontières , ce livre rassemble des textes écrits par des militants de différentes ten-dances : anarchistes (Errico Malatesta, Pierre Besnard, Sébastien Faure, Georges Yvetot, Georges Bastien et E. Armand) ; trotskystes (Pierre Bois, Ernest Mandel) ; ex-trotskystes mais – hélas ! – léninistes (Communistes Révolutionnaires, Combat communiste) ; syndicalistes révolutionnaires (Pierre Monatte) ; héritiers des « gauches communistes » (Mouvement com-muniste, Programme communiste) ou inclassables comme Socialisme ou barbarie…

Ce recueil d’articles écrits à des périodes très différentes (de 1926 à 2006) et par des auteurs de sensibilité parfois opposée, met l’accent sur le rôle des syndicats (et aussi des partis « ouvriers ») face aux luttes de classes, plus particulièrement entre 1876 et 1968, même si Pierre Besnard com-mence son historique du syndicalisme à la Révolution française, si ce n’est à la Préhistoire (cf. p. 244) !

Ce livre s’arrête donc avant la crise économique mondiale de 1973 qui a provoqué une série de réactions en chaîne à l’échelle de la planète : licen-ciements, restructurations, concentrations et délocalisations qui ont profon-dément changé les conditions de vie et de travail des prolétaires ainsi que l’organisation interne des entreprises. La composition de la classe ouvrière mondiale est désormais beaucoup plus « fragmentée », en tout cas dans les grandes puissances capitalistes (cf. « Classe ouvrière et travailleurs frag-mentés » de João Bernardo dans le n°27/28 de Ni patrie ni frontières ).

Ce numéro s’ouvre sur les extraits d’une brochure de l’économiste trotskyste Ernest Mandel qui étudiait (en 1978) les la question posée par l’existence des bureaucraties « ouvrières ». Ce texte abordait aussi les pro-blèmes théoriques posés par ce que Mandel osait appeler les « Etats ou-vriers » – « dégénérés » ou « déformés », incohérence trotskyste oblige ! Ces régimes de capitalisme d’Etat ayant aujourd’hui pour la plupart disparu (à l’exception de Cuba et de la Corée du Nord), nous avons reproduit seule-ment les passages concernant les rapports entre les travailleurs et « leurs » syndicats ou partis dans les pays capitalistes occidentaux.

Cette analyse reste toujours actuelle pour la plupart des trotskystes et des néo-trotskystes qu’ils soient au Nouveau parti anticapitaliste (NPA), au Parti ouvrier international (les « lambertistes » du POI) ou même à Lutte ou-vrière (LO). En effet, quelles que soient les nuances qui les séparent offi-ciellement, ces trois courants croient, comme Mandel, qu’il n’y a pas de mouvement ouvrier possible sans permanents, sans appareils, bref sans bu-reaucrates… De là à penser qu’il faut infiltrer ou infléchir les appareils pour en prendre la tête, ou pousser les appareils « vers la gauche », il n’y a qu’un pas, d’autant plus facile à franchir que Mandel affirme candidement que la bureaucratie syndicale ne joue aucun rôle économique dans le sys-tème capitaliste !

Après cette « mise en jambes » théorique, nous présentons six articles pa-rus dans la revue Programme communiste, éditée par le Parti communiste international (1), appelé « bordiguiste » du nom d’Amadeo Bordiga, l’un des fondateurs du Parti communiste italien, puis de la « Gauche communiste ita-lienne », tendance oppositionnelle née au début des années 20 dans la Troi-sième Internationale.

Le lecteur découvrira, en les lisant, que les « bordiguistes » savaient, dans les années 60 et 80, mettre leur solide culture historique au service d’une analyse subtile des grandes tendances du mouvement ouvrier français. Ils ne craignaient pas de rendre hommage aux qualités politiques et militantes des anarchistes et des syndicalistes révolutionnaires, tout en ne leur faisant aucun cadeau sur le plan théorique. Il serait donc fort dommage d’ignorer leurs réflexions, quoique l’on pense de leurs positions.

Le lecteur pourra se plonger ensuite dans une vingtaine d’articles (ou d’extraits d’articles) de l’Encyclopédie anarchiste. Les auteurs nous offrent évidemment une lecture différente de l’histoire du syndicalisme et des rap-ports entre les syndicats et les partis ouvriers. Principal contributeur, Pierre Besnard décrit en détail l’évolution du syndicalisme des années 1870 jusqu’en 1936. S’il critique le parlementarisme, prône la grève générale et la disparition de l’Etat, et défend l’indépendance des syndicats, il se livre aussi à un curieux plaidoyer en faveur de la cogestion des assurances so-ciales ou d’un contrôle ouvrier des entreprises capitalistes, peu cohérents avec la défense de l’action directe ou la critique de la démocratie bour-geoise (cf. notre « compil’ » n° 4 : De la violence politique). Ces textes sont rudement pris à partie par les rédacteurs de Programme communiste dans les articles qui précèdent. Leur parution côte à côté dans ce livre permet un dialogue fructueux et inédit entre les textes. Si les lecteurs comparent les arguments avancés par les uns et les autres, ils pourront approfondir leur ré-flexion sur ces questions complexes et sortir des sentiers battus des habi-tuelles polémiques groupusculaires fondées sur l’ignorance mutuelle, ou de l’histoire universitaire généralement favorable à la bureaucratie…

Après les hypothèses théoriques audacieuses des anarchosyndicalistes, l’histoire des syndicats et des bourses du travail, et l’exposé des principes du syndicalisme de classe, place, dans la seconde partie de ce livre, à l’histoire des principales grèves en France entre 1936 et 1968.

Une série d’articles du mensuel Combat communiste (publiés entre 1976 et 1986) propose une analyse critique du rôle des syndicats et de leurs bureaucraties en France, à travers quelques dates importantes de la lutte des classes : 1936, 1944, 1947, 1948, 1953, 1955 et 1963. « Nous voudrions montrer au travers de cette série d’articles, écrivait Combat communiste, comment les travailleurs ont eu à affronter non seulement le patronat, le gouvernement, les forces de répression (flics, milices patronales, armée) mais aussi les appareils syndicaux et les partis de gauche qui ont toujours trahi les espoirs que les travailleurs mettaient en eux. »

Ces articles n’ont pas été écrits par des historiens professionnels, ils contiennent sans doute des erreurs et leurs statistiques n’ont pas été actuali-sées. Mais ce qu’il nous importe de souligner, c’est que les leçons de ces conflits ont été totalement oubliées par la plupart des militants de la « gauche radicale » actuelle.

« Oubli » lié à la volonté des bureaucraties « ouvrières » de camoufler leur fonction à travers l’histoire des luttes ; à la progressive disparition de toute formation politique au sein des organisations anarchistes ou trotskystes ; à l’enseignement de l’Histoire au collège et au lycée où fascisme et commu-nisme sont présentés comme des idéologies équivalentes et les révolutions survolées très rapidement ; mais aussi aux calculs opportunistes de l’extrême gauche, toujours à l’affût d’accords « tactiques » avec de fantoma-tiques « ailes gauche » des syndicats.

Aux côtés des textes de Combat communiste nous avons introduit des articles du syndicaliste révolutionnaire Pierre Monatte sur Juin 36 et du trotskyste Pierre Bois sur la grève Renault de 1947 ; un article (un peu triomphaliste) sur les grèves de 1947 paru dans Courant alternatif, suivi d’une chronologie utile pour comprendre les années 1944-1947 ; un texte de Pierre Chaulieu (plus connu sous le nom de Cornelius Castoriadis) sur les grèves de 1956 publié dans Socialisme ou Barbarie ; plusieurs tracts et ar-ticles des Communistes Révolutionnaires/RKD sur la situation française entre 1944 et 1946, quand le PCF et la CGT faisaient retrousser leurs manches aux ouvriers au nom de l’union nationale et du prétendu pro-gramme social du Conseil national de la Résistance.

Ces textes sont d’autant plus utiles que les « antilibéraux » actuels, du Monde diplomatique au Parti de Gauche, suppôts de la social-démocratie ou du néostalinisme, nous présentent une image falsifiée des prétendus as-pects positifs du gaullisme et de cette période d’austérité pour la classe ou-vrière de France.

Ce livre se termine par un texte de Mouvement communiste sur mai 68 qui offre une description précise de « la plus grande grève générale de l’Histoire », et en souligne les points forts comme les points faibles. Et un dernier article de Combat communiste sur les changements intervenus dans la classe ouvrière dans ces années charnière.

D’autres anthologies suivront qui tenteront de retracer, à travers la re-production de brochures ou d’articles, les conflits qui ont marqué les tra-vailleurs dans leur lutte contre l’Etat, le Capital… et les bureaucraties « ou-vrières ».

Octobre 2010

1. Ce groupe minuscule aujourd’hui (il a connu un bref développement dans les années 70 puis s’est effondré) s’est malheureusement fait connaître des médias et de certains historiens réputés sérieux (Igounet, Vidal-Naquet, Dreyfus) ou amateurs (Bourseiller) pour avoir édité en 1960 une brochure calamiteuse (Auschwitz ou le Grand Alibi) que ces critiques n’ont manifes-tement pas lue attentivement, et en tout cas pas comprise, puisqu’ils la taxent de « négationnisme ». En effet, si son auteur se livre à une critique ra-dicale de l’antifascisme démocratique orchestré par les grandes puissances impérialistes et la « gauche », ce n’est pas pour faire l’apologie du nazisme, pour dissimuler l’amplitude de la barbarie nazie, mais au contraire pour af-firmer que, pour la combattre, il n’y avait pas d’autre issue que la révolu-tion communiste mondiale et la dictature du prolétariat. Plus prosaïquement nous dirons que son auteur (qui n’est pas Bordiga, contrairement à la lé-gende) ne s’est livré à aucune analyse matérialiste de la « question juive » (pas plus que Marx dans son article homonyme de 1844, Karl Kautsky en 1914 dans Rasse und Judentum – « Race et judéité », jamais traduit en fran-çais mais qu’on trouve en anglais sur le site Marxist Internet Archive – ou le trotskyste Abraham Léon en 1942 dans La conception matérialiste de la question juive). Réduisant la place des Juifs et des juifs dans l’histoire du capitalisme aux seuls métiers de la banque, de l’artisanat et du commerce, cette brochure ne s’intéresse ni à la paysannerie ni au prolétariat juifs dont l’existence n’avait pourtant rien d’anecdotique aux XIXe et XXe siècles, et même durant les siècles antérieurs (cf. à ce sujet les quatre tomes de La so-ciété juive à travers l’histoire aux Editions Fayard). Elle ignore le rôle du Bund dans le mouvement ouvrier en Russie avant la Première Guerre mon-diale et en Pologne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Elle analyse de façon mécaniste les prétendus fondements économiques de l’antisémitisme, en ignorant d’autres dimensions sociales, politiques et religieuses tout aussi importantes. Malgré tous ses défauts ou ses tares, il est parfaitement ab-surde et mensonger d’accuser le PCI de nier l’existence des camps d’extermination. On peut seulement regretter que le PCI n’ait pas abandon-né cet opuscule à la « critique rongeuse des souris ».

Pistes de réflexion sur l’histoire du mouvement ouvrier et du syndicalisme en France

– De la bureaucratie (Ernest Mandel)

– Limites des syndicats (NPNF)

– Socialisme et syndicalisme dans le mouvement ouvrier français (1876-1914), (Programme Communiste)

* Cadre historique et social du mouvement ouvrier français, (Pro-gramme Communiste)

* Le Parti ouvrier et l’essor syndical : le réveil ouvrier passe par la for-mation du parti, (Programme Communiste)

* Le Parti ouvrier et l’essor syndical : Le Parti ouvrier et les syndicats, (Programme Communiste)

* Le syndicalisme révolutionnaire contre le réformisme, (Programme Communiste)

* Le mouvement syndical en France de 1900 à 1908, (Programme Communiste)

– Encyclopédie anarchiste

Assurances sociales (Pierre Besnard et A. Rey)

Atelier (Pierre Besnard)

Bourse du travail (Pierre Besnard)

Chômage (Pierre Besnard)

La Commune (Sébastien Faure)

CGT (Pierre Besnard)

Contrôle ouvrier (Pierre Besnard)

Délégué

Grève (Pierre Besnard)

Jaune (George Yvetôt)

Magasins coopératifs (André Daudé-Bancel)

Manœuvre (E. Cotte)

Manuel (E. Rothen et A. Hillkoff)

Mouvement social (George Bastien)

Mutualité et Mutuellisme (George Bastien)

Ouvriérisme (Jean Marestan)

Prolétariat (Lashortes)

Syndicalisme (Pierre Besnard), 231

Syndicalisme et anarchisme (Errico Malatesta), 239

Unité prolétarienne (Pierre Besnard), 244

Luttes ouvrières en France (1936-1968), 253

La lutte pour la réduction du temps de travail, d’hier à aujourd’hui (Combat communiste), 255

– La CGT : De la Charte d’Amiens à Mai 68 (Combat communiste), 260

– La CFDT des origines (1964) à 1978 (Combat communiste), 270

– La bureaucratie syndicale face à la guerre de 1914-1918 (Combat communiste), 286

– Il y a cinquante ans : Juin 36 (Combat communiste), 290

– La classe ouvrière reprend confiance en elle (Pierre Monatte), 297

– Luttes ouvrières 1944-1947 (Combat communiste), 310

– L’expérience Berliet (Communistes Révolutionnaires), 317

– Le PC et l’URSS en 1944-1947 (Combat communiste), 323

– Maurice Thorez a dit… (Communistes révolutionnaires), 326

– Ouvriers du Livre (Communistes Révolutionnaires), 329

– 1er Mai 1945 (Communistes Révolutionnaires), 331

– À bas la mascarade du Premier mai bourgeois (Communistes Révolu-tionnaires), 334

– La grève des usines Renault (Pierre Bois), 345

– Les grèves de 1947 en France (Courant Alternatif), 353

– Chronologie des grèves 1944/1947 (Courant Alternatif), 358

– 1948 : La grève des mineurs,(Combat communiste), 364

– Les mines et le PCF : quand ils étaient ministres (Combat commu-niste), 366

– 1950-1953 : Une période de recul (Combat communiste), 368

– Août 1953 (Combat communiste), 371

– 1955 (Combat communiste), 374

– Les ouvriers face à la bureaucratie (Pierre Chaulieu alias « Cornelius Castoriadis, Socialisme ou Barbarie), 386

– 1961-1963 : Les mineurs en lutte (Combat communiste), 393

– Luttes de classes en France 1964-1967 (Combat communiste), 393

– Mai-Juin 1968 : une occasion manquée par l’autonomie ouvrière (Mouvement communiste), 399

– Mai 68, Dix ans après. De profonds changements au sein de la classe ouvrière (Combat communiste), 460


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