L’interview traduite dans la revue K. (https://k-larevue.com/les-desillusions-de-la-gauche-israelienne-entretien-avec-adam-raz/ ) fait allusion à une déclaration de progressistes et de pacifistes, traduite-ci dessous par mes soins (Y.C.)

Déclaration de militants progressistes et pacifistes en Israël sur les
les événements récents dans notre région (16 novembre 2023)

Nous, universitaires, leaders d’opinion et militants progressistes basés en Israël et engagés dans la lutte pour la paix, de l’égalité, de la justice et des droits de l’homme, sommes profondément peinés et choqués par les récents événements survenus dans notre région. Nous sommes également très préoccupés par les réactions inadéquates de certains progressistes américains et européens concernant le ciblage des civils israéliens par le Hamas, réactions qui reflètent une tendance inquiétante dans la culture politique de la gauche mondiale.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque sans précédent qui a débouché sur des meurtres de masse de civils innocents dans leurs maisons, une violence aveugle envers des femmes, des personnes âgées et des enfants, et des enlèvements massifs de citoyens israéliens. Des familles entières ont été anéanties au cours de ce carnage, des communautés entières ont été réduites en cendres, des corps ont été mutilés, des enfants en bas âge ont été massacrés. Il est impossible d’exagérer les dommages causés par ces événements, tant au niveau personnel que collectif. Les événements traumatisants de ce samedi d’octobre laisseront une marque durable dans nos cœurs et nos mémoires.

Comme prévu, en réponse aux actions du Hamas, l’État d’Israël a lancé une opération militaire massive à Gaza, qui a fait plus de victimes que tout ce que nous avions connu jusqu’à présent. Ce cycle d’agression nuit gravement à notre lutte de longue date contre l’oppression et la violence et à notre lutte pour des droits égaux pour tous les habitants d’Israël et de Palestine. En ce moment, plus que jamais, nous avons besoin du soutien et de la solidarité de la gauche mondiale, sous la forme d’un appel sans équivoque contre la violence aveugle envers les civils des deux côtés.

Nombre de nos pairs dans le monde ont exprimé une forte opposition à l’attaque du Hamas et ont offert un soutien sans ambiguïté à ses victimes. D’éminentes voix dans le monde arabe ont également fait savoir que rien ne justifiait le meurtre sadique d’innocents. Cependant, à notre grand désarroi, certains éléments de la gauche mondiale, des individus qui étaient jusqu’à présent nos partenaires politiques, ont réagi avec indifférence à ces événements horribles et ont même parfois justifié les actions du Hamas. Certains ont refusé de condamner la violence, en affirmant que des personnes extérieures au conflit n’ont pas le droit de juger les actions des opprimés. D’autres ont minimisé les souffrances et les traumatismes, en arguant que la société israélienne avait provoqué elle-même cette tragédie. D’autres encore se sont protégés du choc moral par des comparaisons historiques et des rationalisations. Et il y a même ceux – et ils ne sont pas une poignée– pour qui le jour le plus sombre de l’histoire de notre société a été un motif de célébration.

Cet éventail de réponses nous a surpris. Nous n’aurions jamais imaginé que des personnes de gauche, défenseurs de l’égalité, de la liberté, de la justice et du bien-être, puissent faire preuve d’une insensibilité morale et d’une insensibilité morale et d’une insouciance politique aussi extrêmes. Soyons clairs : le Hamas est une organisation théocratique et répressive qui s’oppose avec véhémence à toute tentative de promouvoir la paix et l’égalité au Moyen-Orient. Ses engagements fondamentaux sont fondamentalement incompatibles avec les principes progressistes, et la tendance de certaines personnes de gauche à réagir positivement face à ses actions est donc tout à fait absurde. En outre, rien ne justifie que l’on tire sur des civils dans leurs maisons, que l’on assassine des enfants sous les yeux de leurs parents ou que l’on poursuive et exécute des personnes qui font la fête. Légitimer ou excuser ces actions revient à trahir les principes fondamentaux de la politique de gauche.

Nous insistons sur le fait qu’il n’y a pas de contradiction entre le fait de s’opposer fermement à l’assujettissement et à l’occupation des Palestiniens par Israël et le fait de condamner sans équivoque les actes de violence brutaux commis contre des civils innocents. En fait, toute personne de gauche cohérente doit défendre ces deux positions simultanément.

Le 7 octobre est un jour sombre dans l’histoire d’Israël et de la Palestine et dans la vie des peuples de cette région. Ceux qui refusent de condamner les actions du Hamas empêchent que des perspectives de paix deviennent une option politique viable et pertinente. Ils affaiblissent la capacité de la gauche à présenter un horizon social et politique positif, la transformant en une force politique extrémiste, étroite et aliénante. Nous appelons nos pairs de gauche à revenir à une politique fondée sur des principes humanistes et universels, à prendre clairement position contre les violations des droits de l’homme sous toutes leurs formes et à nous aider dans la lutte pour briser le cycle de la violence et de la destruction.

Sally Abed, membre de la direction nationale de Standing Together
Dr. Sarai Aharoni, Université Ben-Gourion du Néguev
Rogel Alpher, journaliste du quotidien Haaretz
Alon Altaras, écrivain et traducteur
Dr. Ziv Ardi, Kinneret Academic College
Prof. Sharon Armon-Lotem, Université de Bar-Ilan
Prof. Nir Avieli, Université Ben-Gourion du Néguev
Itamar Avneri, organisateur national de Standing Together ,
Dr. Nir Barak, Université Ben-Gourion du Néguev
Ortal Ben-Dayan, militant de la justice sociale
Prof. Emerita Helena Desivilya Syna, Max Stern Yezreel Valley College
Ori Ben-Dov, militant de la justice sociale
Prof. Orna Ben-Naftali, College of Management Law Faculty et Van Leer Jerusalem Institute
Prof. Avner Ben-Zaken, Institute for Israeli Thought
Dr. Itzhak Benyamini, école des beaux-arts Bezalel et Université de Tel Aviv
Nadav Bigelman, militant de la justice sociale, member de Standing Together
Dr. Ofek Bimholtz, Université Bar-Ilan
Odeh Bisharat, écrivain
Dr. Eh Cook, Université de Haïfa
Shani Cohen, docteur en économie, candidat à Harvard University, chercheur associé à Molad - The Center for the Renewal of Israeli Democracy
Avi Dabush, PDF de Rabbis for Human Rights et fondateur du Peripheries Movement
Ido Dembin, directeur exécutif de Molad - The Center for the Renewal of Israeli Democracy
Shuli Dichter, militant et écrivain
Prof. Eran Dorfman, Université de Tel Aviv
Josh Drill, militant de la justice sociale
Taleb el-Sana, ancien député, Parti démocratique arabe, dirigeant du High Committee for Arab Citizens of the Negev
Prof. Bracha L. Ettinger, artiste et philosophe
Prof. Dani File, militant de Standing Together
Prof. Frank Fleerackers, Université de Louvain faculté de droit et criminologie
Dr. Jeremy Fogel, Université de Tel Aviv
Dr. Hagar Gal, David Yellin Academic College of Education, Jérusalem
Zehava Galon, président du Zulat Institute for Equality and Human Rights et ancien dirigeant du parti Meretz
Raluca Ganea, directeur exécutif du mouvement Zazim, Community Action
Prof. Benjamin Gidron, Université Ben Gourion du Néguev
Mickey Gitzin, directeur exécutif de l’ONG New Israel Fund en Israel
Dr. Michal Givoni, Université Ben-Gourion
Avirama Golan, écrivain et journaliste
Prof. Yoav Goldberg, Université Bar-Ilan
Dr. Yiftah Goldman, David Yellin Academic College of Education, Jérusalem
Dr. Oz Gore, Kinneret Academic College
Alon-Lee Green, codirecteur national de Standing Together
David Grossman, écrivain
Prof. Emeritus Yossi Guttmann, Université de Haïfa
Prof. Danny Gutwein, Université de Haïfa
Prof. Ruth Halperin-Kaddari, Université Bar-Ilan, faculté de droit
Ghadir Hani, militant de la paix et membre de Standing Together
Prof. Yuval Noah Harari, Université hébraïque de Jérusalem
Yoav Hareven, membre de la direction de Standing Together ,
Prof. Yael Hashiloni-Dolev, Université Ben-Gourion
Prof. Sibylle Heilbrunn, Kinneret Academic College
Ran Heilbrunn, écrivain
Prof. Gadi Heimann, Université hébraïque de Jérusalem
Dr. Anat Herbst-Debby, Université Bar-Ilan
Prof. Esther Herzog, Zefat Academic College
Ben Hoshen, président des jeunesses du parti Meretz
Dr. Ofri Hany, Van Leer Institute, historien et journaliste
Prof. Eva Illouz, EHESS Paris, membre de l’Institute for Israeli Thought
Prof. Piki Ish-Shalom, Université hébraïque de Jérusalem
Prof. Arie M. Kacowicz, Université hébraïque de Jérusalem
Dr. Lisa Hainan, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
Dr. Almog Kasher, Université Bar-Ilan
Dr. Ronit Donyets Kedar, College of Law and Business
Etgar Keret, écrivain
Dr. Dov Khenin, ancien député du parti Hadash, Université de Tel Aviv
Prof. Aviad Kleinberg, président du Ruppin Academic Center
Ori Koi, entrepreneur social
Dr. Eli Lamdan, Editions Nemala
Iris Leal, écrivain
Dr. David Lehrer, Arava Institute for Environmental Studies
Dr. Shlomit Aharoni Lir, Université Bar-Ilan
Vered Livne, ancien dirigeant de l’ACRI, Association pour les droits civiques en Israël et membre de la direction de Standing Together
Prof. Nimrod Luz, Kinneret Academic College
Dr. Adi Makmal, Université Bar-Ilan
Ibtisam Mara’ana, ancien député du Parti travailliste
Dr. Tamar Megiddo, Université hébraïque de Jérusalem ,
Niv Meyerson, militant de la justice sociale et environnementale
Dr. Dana Mills, écrivain et militant des droits de l’homme
Meital Peleg Mizrachi, post-doctorant à Yale
Prof. Sagit Mor, Université de Haïfa
Prof. Tai Alon Moses, Technion
Dr. Miri Lavi Neeman, Arava Institute for Environmental Studies
Eran Nissan, PDG du Mehazkim
Prof. Shira Offer, Université de Bar Ilan
Prof. Emerita Fania Oz-Salzberger, Université de Haïfa
Dr. Ronit Peleg, Université de Tel Aviv
Dr. Tomer Persico, Shalom Hartman Institute
Dorit Hadar Persky, David Tellin Academic College of Education, Jérusalem
Prof. Haviva Phedaya, Université Ben Gurion University et Van Leer Institute
Dr. Meital Pinto, Zefat Academic College, Ono Academic College
Dr. Roni Porat, Université hébraïque de Jérusalem ,
Dr. Or (Ori) Rabinowitz, Université hébraïque de Jérusalem
Prof. Dan Rabinowitz, Université de Tel Aviv
Adam Raz, historien et militant des droits humains
Mossi Raz, ancien député du parti Meretz
Prof. Ishay Rosen-Zvi, Université de Tel-Aviv
Michal Rozin, ancien député, Meretz
Prof. Yaniv Roznai, Université Reichman
Prof. Jonathan Rubin, Université Bar-Ilan
Tzlil Rubinshtein, militant de la justice sociale
Prof. Galia Sabar, Université de Tel Aviv, ancien président du Ruppin College
Prof. Shifra Sagy, Université Ben-Gourion du Néguev
Dr. Dahlia Scheindlin, politiste et membre de la direction de A Land for All
Prof. Amit Schejter, Université Ben-Gourion, président de l’Association pour les droits civiques en Israël
Prof. Tali Seger-Gutman, Ruppin Academic Center
Dr. Tamar Ascher Shai, David Yellin Academic College of Education, Jérusalem
Dr. Carmel Shalev, faculté de droit, Université de Tel Aviv
Prof. Uri Shanas, Université de Haïfa
Nissan Shor, écrivain et journaliste à Haaretz
Prof. Dmitry Shumsky, Université hébraïque de Jérusalem
Dr. Oded Y. Steinberg, Université hébraïque de Jérusalem
Dr. Yael Stemhell, Université de Tel Aviv
Prof. Gila Stopler, Faculté de droit, College of Law and Business
Yossi Sucary, écrivain
Dr. Yofi Tirosh, Université de Tel Aviv
Noam Tirosh, Université Ben-Gourion du Néguev
Eilon Tohar, militant de la justice sociale
Prof. Meir Yaish, Université de Haïfa
Dr. Orit Sonia Waisman, David Yellin Academic College of Education, Jérusalem
Dr. Ofer Waldman, écrivain et journaliste
Uri Weltmann, organisateur national de Standing Together
Tom Yagil, militant
Prof. Oren Yiftachel, Université Ben-Gourion du Néguev
Dr. Raphael Zagury-Orly, Institut catholique de Paris
Uri Zaki, président du parti Meretz
Tamar Zandberg, ancien ministre de la Protection environnementale et ancien dirigeant du parti Meretz
Dr. Amal Ziv, Université Ben-Gourion
Prof. Noam Zohar, Université de Bar-Ilan
Prof. Moshe Zuckermann, Université de Tel Aviv