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Ni patrie ni frontières
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Le Hamas peut remercier Mme Leila Seurat
Article mis en ligne le 29 octobre 2023

Trois semaines ont passé depuis le pogrome des 7 et 8 octobre 2023 commis par le Hamas et ses alliés. Le nombre de civils palestiniens tués par Tsahal augmente de façon vertigineuse, sans compter les meurtres commis par des colons israéliens et le siège inhumain de Gaza (un siège est de toute façon inhumain, mais il faut le rappeler ici à propos de l’armée prétendument « morale » d’Israël).

Mme Leila Seurat est donc devenue plus hardie.

Le 26 octobre 2023, je m’étais en effet demandé si « le Hamas était un insaisissable “trou noir“ pour la “gauche ” » (1) .J’avais rappelé que Mme Leila Seurat, avait écrit le 1er mai 2017 : « Le Hamas n’est pas prêt à s’engager dans une nouvelle confrontation armée avec Israël après les trois opérations militaires qui se sont succédé depuis 2009 (2) . »

Et, charitable devant cette bourde gigantesque pour une spécialiste de la région, j’avais ajouté : « Loin de moi, l’idée de critiquer Leila Seurat pour son pronostic erroné, n’ayant pas ses connaissances sur le sujet ni la capacité d’élaborer une analyse théorique alternative aux thèses le plus souvent exposées à propos de l’islam politique en général et du Hamas en particulier. Mais cette erreur monumentale n’est-elle pas liée à une incompréhension (ou, au moins, une compréhension très insuffisante) de la nature profondément réactionnaire, anti-ouvrière, anticommuniste, pro-capitaliste et génocidaire de cette organisation ? »

Mais aujourd’hui, le 29 octobre 2023, Mme Leila Seurat explique dans Le Monde (3) que

1) il faut « saisir la nature protéiforme de cet acteur politique (tout à la fois mouvement social, groupe armé et acteur gouvernemental)  » ; une telle caractérisation délibérément floue range le Hamas dans la catégorie des mouvements de libération nationale classiques ;

2) depuis 2021, « le Hamas ne fait plus mention de son affiliation aux Frères musulmans dans son “Document de principes et de politique générale” publié en 2017 » ; comme si on déterminait uniquement la nature d’un mouvement en fonction de ses intentions proclamées dans des textes ; des nazis aux génocidaires rwandais en passant par les Khmers rouges, on ne compte plus les mensonges publics des mouvements politiques qui dissimulent leurs objectifs véritables pour mieux préparer leurs massacres ;

3) « dans les discours, le Hamas élude toute identification partisane voire religieuse pour parler au nom de tous les Palestiniens. A la différence des deux premières Intifada de 1987 et de 2000, où la résistance était largement islamique, celle-ci est désormais palestinienne ». Avec cet argument, les Etats-Unis sont intervenus en Irak pour défendre la démocratie et la France soutient, avec ses milliers de soldats détachés et ses bases en Afrique, des gouvernements d’une probité exemplaire.

4) Et enfin, elle affirme : « A Gaza comme en Cisjordanie, les Palestiniens sont unanimes dans leur soutien au Hamas et, en dépit du nombre de Palestiniens tués, saluent ce qu’ils considèrent comme une victoire historique contre Israël. »

La boucle est bouclée. Le Hamas peut remercier Mme Leila Seurat. Elle fournit dans cet article un argumentaire à toute la gauche et l’extrême gauche qui peuvent désormais se réfugier derrière ces arguments frelatés d’une spécialiste de la région pour soutenir un mouvement réactionnaire, anti-ouvrier, anticommuniste, pro-capitaliste et génocidaire.

Yves Coleman, Ni patrie ni frontières, 29/10/2023

NOTES

1. https://npnf.eu/spip.php?article1092

2. https://orientxxi.info/magazine/revolution-dans-la-revolution-au-hamas,1838

3. https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/29/leila-seurat-politiste-a-gaza-comme-en-cisjordanie-les-palestiniens-sont-unanimes-dans-leur-soutien-au-hamas_6197143_3232.html