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Ni patrie ni frontières
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Le Hamas est-il un insaisissable « trou noir » pour la « gauche » ?
Article mis en ligne le 26 octobre 2023

Sur le Hamas, il me semble que nous avons affaire, très grossièrement, à 5 positions concurrentes :

1) Ceux qui pensent qu’il s’agit d’un mouvement de libération nationale original, avec une coloration religieuse, mais qui doit être un interlocuteur dans les négociations. Ainsi l’ex-« révolutionnaire » Edwy Plenel, reconverti en directeur d’un « journal indépendant », nous explique, dans un mouvement digne de l’insipide « en même temps » macronien, que le Hamas est généreusement financé par l’État du Qatar et est « instrumentalisé par Israël », mais aussi qu’il s’agirait d’un… « mouvement politique avec une assise sociale » ( ?), aux « pratiques autoritaires » (?) et qu’il serait « l’une des composantes, aujourd’hui devenue dominante, du nationalisme palestinien ». Qu’en termes hypocrites ces choses-là sont dites !

Les tenants de cette « thèse » timorée, qui évitent soigneusement de s’interroger sur le sens de l’expression « Mouvement de résistance islamique » (Harakat a Moukawama al islamya ou Hamas, dont l’appellation ne mentionne nullement la « nation palestinienne »), vont de l’extrême gauche à des intellectuels de gauche modérés ou des universitaires « progressistes » qui invoquent la « complexité » et le « contexte », deux mots magiques pour adopter la posture du « grand penseur ». Tous partagent finalement une lecture anti-impérialiste classique (entendez uniquement – ou principalement – hostile aux impérialismes américain et européens ) – ou favorable au « Sud global », pour employer la dernière expression en vogue. Donc, cela va de ceux qui idéalisent le Hamas comme une « avant-garde » en lutte contre l’impérialisme occidental, ou comme la composante d’une « révolution » nébuleuse et plus large, jusqu’à ceux qui veulent simplement accorder des droits démocratiques aux Palestiniens sous la forme d’un État, quelles que soient ses dimensions territoriales. Par conséquent nous avons affaire aussi bien à des partisans de la « solution à un État » qu’à « deux États ».

Autre point commun à cette gauche : le refus d’actualiser la critique des religions inaugurée par les Lumières et continuée par les pères fondateurs du marxisme et de l’anarchisme. Ce refus ne s’applique pas au judaïsme, considéré comme particulièrement nocif par les anti-impérialistes. Certes, il épargne le christianisme (il ne faut pas désespérer la « gauche chrétienne »), mais il épargne surtout l’islam .