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Deux semaines de désolation
Article mis en ligne le 21 octobre 2023
dernière modification le 26 octobre 2023

Le 7 octobre, le Hamas, organisation fasciste, terroriste et antisémite qui gouverne tyranniquement la bande de Gaza depuis 2007, a non seulement attaqué Israël (y compris les bédouins du Neguev) par des bombardements, mais a aussi commis par raid au sol des atrocités inouïes, des assassinats de civils, adultes et enfants, dans un Kibboutz, dans une fête musicale où il y avait de nombreux touristes, pourchassés jusque dans les buissons, violés, abattus ou enlevés comme otages. Le bilan a été de plus de 1300 morts. Le gouvernement israélien d’extrême droite et corrompu, qui était confronté à des manifestations de masse contre lui, a profité de l’état de sidération de la société israélienne pour se lancer sans guère de contestation (et sinon vite réprimée) dans une guerre contre Gaza provoquant de nouvelles victimes civiles innocentes.

Ce n’est pas la première fois que le conflit israélo-palestinien remonte à un niveau incandescent. Mais tout ce qui a pu pourrir au fil des décennies de cet interminable conflit dans l’internationalisme biaisé des anti-impérialistes nous est remonté en pleine figure par un déluge de communiqués intolérables, notamment dans une partie du syndicalisme étudiant, excusant voire glorifiant l’action du Hamas reconnu comme direction de la résistance palestinienne, relayant des mots d’ordre de libération de la Palestine « de la mer au Jourdain » sans préciser quel sort on y envisage alors pour les juif·ves, manifestant sans cortège différencié avec des islamistes qui ne sont pas et ne seront jamais nos camarades. Oh bien sûr, les dérives inverses sont vraies aussi, mais elles concernent franchement moins notre camp, et donc nous inquiètent moins quant à l’organisation de nos luttes. Peu semblent se préoccuper du regain d’antisémitisme déjà constaté. Peu parmi ceux dont la dénonciation du terrorisme en 2015 était pour le moins molle franchissent un palier vers la nécessaire condamnation des méthodes terroristes envers les civils comme fondamentalement étrangères au mouvement ouvrier.

Nous ne prétendons pas avoir de solution à ce conflit. Nous demandons juste un peu de décence, de respect des morts, de dénonciations des méthodes terroristes, des crimes de guerre, et le droit de ne pas soutenir inconditionnellement un camp, les deux étant réactionnaires. Nous ne sommes pas diplomates, nous sommes militant·e·s. Tant la solution à deux États (capitalistes) que celle d’une Fédération binationale laïque sont compromises, et le statu quo est manifestement impossible. Les groupes ultra-gauche ont la formule intemporelle toute faite : le défaitisme révolutionnaire. Mais dans les guerres concrètes, en Ukraine ou en Palestine, en l’état actuel des forces prolétariennes, les déclarations principielles sur un défaitisme révolutionnaire ne servent pas à grand-chose.

Nous pouvons chercher les forces les plus ouvrières et les plus progressistes, comme nous l’avons fait pour l’Irak occupé en 2003, et voir ce qu’on peut faire pour les aider dans ces enfers. Ces forces ne sont pas nombreuses, mais les orgas qui suivent BDS en excluent les syndicats « mixtes » et associations qui prônent en Israël l’égalité des droits, parce qu’ils n’adhèrent pas au boycott ou parce qu’ils ne se positionnent pas sur le droit au retour des réfugiés de 1948. Évidemment, la liberté de circulation et d’installation ça veut dire le retour des descendant·es de réfugiés palestiniens de 1948, mais pas seulement. C’est aussi la même liberté pour les juif·ves, dont la plupart sont né·e·s en Israël et les plus vieux souvent réfugiés eux-mêmes des pays arabes.

Cette guerre est horrible, et ses répercussions sur la culture militante ici-même sont préoccupantes. Le faux-internationalisme hémiplégique dans les postures anti-impérialistes à la remorque des extrême-droites religieuses (Iran et Hamas) et des fausses gauches (Venezuela) est un héritage décomposé de la guerre froide qui détourne de la solidarité entre les luttes sociales.

Stéphane J., 19 octobre 2023